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Ils apportaient de l’eau-de-vie. Comme <strong>la</strong> plupart ne savaient pas payer pour leur boisson, ilsont payé en échange de leurs terres. Les <strong>la</strong>dinos devraient nous remercier d’être sur nos terres,d’être sur <strong>la</strong> terre de nos ancêtres, de mi gente (Marino Gómez Pérez, 06/04/2006).De plus, les nouvelles lois qui imposaient d’enregistrer les titres de propriétés terriennes, ontfait perdre frauduleusement de nombreuses parcelles de terres aux communautés mayas, aubénéfice de riches <strong>la</strong>dinos qui profitaient de l’ignorance et de <strong>la</strong> confusion des indigènes faceaux démarches juridiques complexes que l’enregistrement entraînait (Early, 2000 : 80). Si,depuis <strong>la</strong> colonisation espagnole jusqu’au 19 ième , les popu<strong>la</strong>tions autochtones ont perdu lecontrôle de leurs terres arables à <strong>la</strong> costa et à <strong>la</strong> boca costa au profit de grands propriétairesterriens, dès <strong>la</strong> fin du 19 e siècle, de nombreux tinecos se sont vus dépossédés de leurs terresdans l’altip<strong>la</strong>no au bénéfice de <strong>la</strong>dinos, qui étaient parfois leurs voisins.Échec des réformes agraires et guerre interneLe fonctionnement de cette « machinerie machiavélique », atteint son paroxysme, jusqu’à sedérégler par excès, sous <strong>la</strong> dictature d’Ubico (1930-1944). « Corruption, luttes pour lepouvoir, fluctuation des cours des marchés, finirent par enrayer un processus déjà ba<strong>la</strong>yé parles vents de réformes qui souff<strong>la</strong>ient depuis le Mexique et le Salvador voisins. Le systèmeimplosa en 1944 au point qu’une réforme agraire put être entreprise » (Antochiw et al., 1991 :35). Les mécanismes sécu<strong>la</strong>ires de distribution de <strong>la</strong> terre et d’exploitation de <strong>la</strong> maind’œuvreindigène, furent <strong>la</strong> cible du Président Jacob Arbenz Guzmán et de son prédécesseur,Arévalo. La réforme agraire de 1952, impulsée par Arbenz Guzmán, se vou<strong>la</strong>it moderne,sociale et distributive. Les objectifs de ce qu’on al<strong>la</strong>it appeler <strong>la</strong> « Révolution guatémaltèque »restaient cependant modérés. Il s’agissait de bâtir un État moderne et d’en faire le promoteurd’un capitalisme national 99 . Durant les quelques années de sa mise en œuvre, <strong>la</strong> réformeagraire permit à <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion paysanne de récupérer peu à peu ses espaces territoriaux ainsique <strong>la</strong> liberté de s’organiser politiquement. Mais en 1954, Arbenz Guzmán, premier Présidentdu Guatema<strong>la</strong> élu au suffrage universel, est renversé par un coup d’état 100 orchestré par <strong>la</strong>Central Intelligence Agency, CIA. Soutenus par <strong>la</strong> droite américaine (sous couvert de <strong>la</strong>chasse aux communistes), les secteurs conservateurs guatémaltèques s’opposèrent à <strong>la</strong>révision des vieilles structures de propriété de <strong>la</strong> terre. Afin de servir les intérêts des grandspropriétaires, <strong>la</strong> réforme agraire fut aussitôt annulée. Les paysans avantagés par celle-ci furentdestitués des terres qui leur avaient été attribuées. Certains groupes de paysans de l’altip<strong>la</strong>no99 Selon cette réforme, « il s’agissait de distribuer aux paysans les terres non exploitées par les <strong>la</strong>tifundistes, sanstoucher à celles effectivement utilisées et en <strong>la</strong>issant aux p<strong>la</strong>nteurs et aux éleveurs une réserve pouvant allerjusqu’à 90 ha de terres en friche » (Le Bot, 1992 : 49). Le Bot rappelle également que dans son discoursd’investiture, « Arbenz présentait les communautés indigènes comme un obstacle au développement au mêmetitre que les <strong>la</strong>tifundios et les rapports “ féodaux ” de production » (1992 : 89).100 Yvon Le Bot commence l’introduction de son ouvrage, La guerre en terre maya. Communauté, violence etmodernité au Guatema<strong>la</strong> (1992), en rappe<strong>la</strong>nt que le rêve guévarien est né au Guatema<strong>la</strong>. « C’est ici que lemédecin baroudeur argentin est devenu le Che, et que, confronté au coup d’État de 1954 qui a mis fin à l’uniqueexpérience démocratique qu’avait connu ce pays depuis l’Indépendance, il a conçu le projet d’une lutte arméeanti-impérialiste à <strong>la</strong>quelle il donna une dimension continentale » (Le Bot, 1992 : 11).125

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