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Si on appelle secretos (secrets) nos cérémonies, ce n’est pas parce que nous nous cachionspour réaliser notre travail quand il y avait <strong>la</strong> guerre. À cette époque, c’était interdit. Mais c’estparce qu’avant, les gens ne participaient pas comme maintenant au travail des ajq’ij. C’étaitsecret, on ne pouvait pas voir ce qui se faisait. Maintenant ce<strong>la</strong> a changé. Mais quand je voisdes choses dans le feu, je peux imaginer ce qu’elles veulent dire. Au contraire, ceux quiregardent, ils peuvent voir, mais ils ne peuvent pas savoir ni imaginer ce qui se dit. C’est parceque vous n’avez pas le droit d’être en contact avec les dieux (Efraín Méndez, 02/08/2010).Mais éviter de parler des rituels coutumiers à des personnes extérieures à <strong>la</strong> communauté estégalement symptomatique de leur déconsidération, en tant que chamane, à l’intérieur de <strong>la</strong>communauté tineca. Dès lors, tout comme on n’annonce pas publiquement sa visite chez unchamane, on ne s’affiche pas publiquement chamane. Les possibilités de se fournir dumatériel de cérémonie à San Martín sont également révé<strong>la</strong>trices du statut officieux despratiques traditionnelles. Contrairement à ce qui s’observe dans <strong>la</strong> municipalité voisine de SanJuan Ostuncalco, le matériel cérémoniel est limité à San Martín, et ne se trouve jamais dans <strong>la</strong>devanture des magasins. Si un tenancier tineco possède du matériel de cérémonie, il se trouvecaché dans les arrière-boutiques et seuls les habitués savent vers quels lieux se diriger pour enacheter.À San Martín, <strong>la</strong> discrétion est de mise au sujet des pratiques chamaniques. Recourir parexemple à des chamanes à l’extérieur de sa propre municipalité, permet davantage de mobilitéd’action. Eloigné du contrôle social de ses pairs, cette stratégie convient tant aux « clients »,qu’aux chamanes. Le chamane Tomas me confirma ces pratiques consistant à consulter deschamanes dans une autre municipalité. Il m’expliqua que sa clientèle est composéeuniquement de personnes étrangères à San Martín ; « les gens viennent me voir depuis <strong>la</strong>Boca Costa, de San Juan ou encore de Xe<strong>la</strong> » (02/2009).L’attachement à un chamane éloigné de son domicile entraîne une faible connaissance dupaysage chamanique de proximité. Lorsqu’en début de recherche, je cherchais le plusdélicatement possible à me mettre en contact avec des chamanes tinecos, je recevaisgénéralement des réponses évasives mentionnant un anciano travail<strong>la</strong>nt dans tel ou telhameau, quelques indications géographiques vagues mais rarement des noms concrets. Àpartir du moment où <strong>la</strong> confiance et <strong>la</strong> familiarité s’installèrent avec mes informateurs, maliste de chamanes s’allongea de manière impressionnante 148 . Il m’était difficile de ne paspenser que l’on m’avait voilé <strong>la</strong> réalité. Ce que je considérais comme mensonge, ne l’étaittoutefois que partiellement. Pour certains, il s’agissait de préserver l’intégrité de leurscroyances en feignant une distance importante avec les réseaux chamaniques locaux. Maispour bien d’autres tinecos, s’ils consultent des chamanes, ce sont rarement leurs propresvoisins. Ils connaissent donc peu les chamanes qui œuvrent à proximité.148 Paradoxalement, <strong>la</strong> première personne à m’avoir introduite à l’ajq’ij Don Santos en avril 2006 fut unévangélique nommé Santos Joachim De León. Au cours d’une discussion au sujet de <strong>la</strong> tolérance desévangéliques envers les costumbres, je demandais à Santos De León s’il connaissait des ajq’ij à San Martín. Toutheureux de me démontrer qu’il ne rejetait pas les chamanes, il m’en cita quatre qui vivaient au centre. Il précisacependant, qu’il ne les connaissait que de vue et qu’il ne les avait jamais consultés. Les catholiques, dont <strong>la</strong>proximité avec <strong>la</strong> spiritualité maya est décriée par les évangéliques, furent les plus prompts, s’ils possédaient descontacts, à partager leur carnet d’adresses de chamanes.171

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