12.07.2015 Views

Télécharger la thèse doctorale - FGF

Télécharger la thèse doctorale - FGF

Télécharger la thèse doctorale - FGF

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

spontanément, donc s’aliène dans ses propres représentations ; illusion sur le monde qu’ellepeuple d’êtres imaginaires analogues à l’homme, capables d’entendre ses appels et d’yrépondre de façon favorable ou hostile » (Godelier, 1973 : 279). En conséquence poursuitl’auteur,La pensée mythique tire son impulsion de <strong>la</strong> volonté de connaître <strong>la</strong> réalité mais, dans sonprocès, aboutit à une explication illusoire de l’enchaînement des causes et des effets quifondent l’ordre des choses. Mais en même temps, parce qu’elle conçoit le monde de l’invisiblesous forme de réalités imaginaires douées de conscience, de volonté et surtout d’une efficacitéanalogues mais supérieures à celles de l’homme, <strong>la</strong> pensée mythique appelle et fonde <strong>la</strong>pratique magique, comme moyen d’action sur <strong>la</strong> conscience et <strong>la</strong> volonté de ces personnesimaginaires qui règlent le cours des choses (Godelier, 1973 : 280).Si les Occidentaux naturalistes dévoilent un mode de pensée analogique dans leur mode deraisonnement, ils rejoignent <strong>la</strong> préoccupation de Godelier : s’assurer que les analogies qu’ilsmobilisent soient un mode de pensée valide, car il est souvent jugé trompeur ou approximatif.Pour Nico<strong>la</strong>s Journet, « Dans le passé des sciences, un lourd passif d’analogies fausses,comme l’éther mécanique de René Descartes, et <strong>la</strong> conviction qu’il s’agit d’un mode subjectifet approximatif de raisonnement, ont incité bon nombre de philosophes et de savants à réagircontre, et à s’en méfier comme de <strong>la</strong> peste » (Journet, 2010 : 38). Pourtant, explique l’auteur,les historiens et les philosophes des sciences admettent aujourd’hui que raisonner par analogieou métaphore n’est pas seulement un exercice poétique, mais un ingrédient indispensable del’activité du savoir. Ils sont ainsi amenés à reconsidérer <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce réelle de <strong>la</strong> démarcheanalogique dans <strong>la</strong> formation des savoirs.Depuis le début des années 1980, des spécialistes des sciences cognitives défendent l’idéequ’il existe, au-delà du <strong>la</strong>ngage, un mode de pensée analogique. Présente partout dans lediscours, <strong>la</strong> métaphore est un cas particulier d’analogie. Non seulement, <strong>la</strong> pensée analogiqueaurait une p<strong>la</strong>ce fondamentale dans le développement du <strong>la</strong>ngage, mais de plus, selon lelinguiste George Lakoff et le philosophe Mark Johnson, <strong>la</strong> métaphore serait notre principaloutil à fabriquer des idées, et pas seulement des mots (1985). Pour ces auteurs, <strong>la</strong> plus grandepartie de notre système conceptuel ordinaire, qui nous sert à penser et à agir, est de naturefondamentalement métaphorique. La pensée scientifique s’est par exemple toujours alimentéedu raisonnement analogique. Mais, par des règles du bon usage des analogies, les sciencesdites modernes veulent prendre leur distance avec les usages savants de <strong>la</strong> similitude utilisésentre autres par l’alchimie et <strong>la</strong> théorie des signatures dans le passé. Dedre Gentner et MichaelJeziorski (1993) ont ainsi é<strong>la</strong>boré six principes permettant de recourir à l’analogie de manièrescientifique. Selon eux, afin qu’une analogie soit scientifique, l’un des principes consiste ence que <strong>la</strong> comparaison analogique ne porte pas sur <strong>la</strong> nature des éléments, mais sur lesrapports qu’ils entretiennent. L’analogie permet ainsi de se concentrer sur les propriétésre<strong>la</strong>tionnelles simi<strong>la</strong>ires indépendamment de <strong>la</strong> nature des éléments concernés.Ici réside une distinction entre une « pensée analogique » et un schème ontologique de natureanalogique. Le recours à l’analogie de manière structurée et systématique comme signe defidélité à <strong>la</strong> rigueur scientifique est un fait culturel. L’analogie « scientifique » doit êtrecontrôlée. Elle s’intéresse à <strong>la</strong> structure re<strong>la</strong>tionnelle d’éléments présents dans deux domaines380

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!