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à <strong>la</strong> fin de <strong>la</strong> cérémonie. La majorité des hommes présents portent le vêtement traditionnel, <strong>la</strong>camixai. Au rythme de <strong>la</strong> Chirimíl<strong>la</strong> et du tum, nous nous engageons à traverser le centre de <strong>la</strong>municipalité. À notre passage, des tinecos s’arrêtent. Leurs regards intrigués confirment mespensées : un tel défilé de chamanes et de tinecos en route pour une cérémonie maya fait figured’exception. Nous passons dans le cimetière et ensuite devant l’école des filles, c’estl’euphorie. Une fierté exceptionnelle se dégage des membres du groupe. En file indienne, nousattaquons les f<strong>la</strong>ncs de <strong>la</strong> montagne San Martín Wutz (Notes de terrain, 04/09/2008).À San Martín, alors qu’un premier état des lieux de <strong>la</strong> religiosité diagnostique <strong>la</strong> déperditionde <strong>la</strong> figure du chamane, une enquête ethnographique plus approfondie souligne sa discrètepersistance. Munie d’une carte de <strong>la</strong> municipalité, j’ai proposé à mes interlocuteurs de situerles chamanes et les Églises chrétiennes dans les divers hameaux des terres froides tineca. Ce<strong>la</strong>m’a permis d’évaluer <strong>la</strong> concentration des chamanes pour chaque hameau et de comparer leurnombre à celui des Églises 151 . Le calcul est percutant. Au centre de <strong>la</strong> municipalité parexemple, j’ai pu dénombrer 15 Églises (dont une Église catholique) et huit ajq’ij. Dans lehameau de San Martín Chiquito vivent onze ajq’ij à proximité de cinq Églises protestantes etd’une Église catholique. Malgré <strong>la</strong> réduction drastique du nombre de chamanes énoncée par <strong>la</strong>plupart des tinecos, j’ai recensé au total plus de 50 chamanes dans les seuls hameaux desterres froides de San Martín. Excepté une petite dizaine d’entre-eux, <strong>la</strong> plupart des chamanestinecos cachent leurs pratiques afin de ne pas être dépréciés publiquement. D’autres sombrentenfin dans <strong>la</strong> cucha (alcool artisanal réalisé à base de canne à sucre) ou dans l’alcool de maïs.Les Églises protestantes gagnent incontestablement du terrain dans le paysage des religiositéstinecas mais leur croissance n’élimine pas pour autant le recours aux pratiques chamaniquestraditionnelles.Expansion du pentecôtisme à San MartínAu cours des dernières décennies, l’ensemble du paysage religieux de <strong>la</strong> sociétéguatémaltèque s’est vu radicalement transformé. Les Églises protestantes connaissent uneexpansion extraordinaire et ce, particulièrement chez les popu<strong>la</strong>tions rurales indigènes. S’ilexiste peu de données quantitativement fiables concernant le nombre de convertis auprotestantisme, il semble que ce soit au Guatema<strong>la</strong> que se trouve le pourcentage le plus élevéde convertis de toute l’Amérique <strong>la</strong>tine. Le chiffre moyen généralement avancé se situe entre25 et 30 % de <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion totale (Freston, 2008 ; Pédron-Colombani, 2001a).151 Mon intention en dressant une liste systématique des chamanes de <strong>la</strong> municipalité était double. D’une part, àdes fins de recherche, je souhaitais compléter un document approximatif réalisé par des fonctionnairesmunicipaux. Dénombrer les chamanes de <strong>la</strong> communauté me permettait de relever les noms des chamanes lesplus cités ainsi que des chamanes qui travaillent davantage dans l’ombre, et dont je possédais peud’informations. D’autre part, de manière certes illusoire, j’espérais faire acter ce document par les autoritésmunicipales. Cet acte, pour le moins politique, aurait eu pour corol<strong>la</strong>ire une reconnaissance symbolique de <strong>la</strong>charge communautaire de chamane. La diffusion à San Martín de <strong>la</strong> liste complète, qui pourtant avait étéacceptée par les chamanes, n’a toutefois pas été réalisée. Les autorités municipales, majoritairementévangéliques, n’ont pas souhaité donner suite à ce projet. La politique est de prudence : ils tolèrent <strong>la</strong> ditesorcellerie à San Martín, mais ne l’encouragent pas, m’ont-ils répondu.173

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