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Des activités agricoles dépendantes de produits chimiquesPar leur faible contenu en matière organique, les sols de San Martín doivent être enrichisd’engrais pour permettre les récoltes. Sans ajout d’engrais lors des cycles agricoles annuels,expliquent les agriculteurs tinecos, il est impossible d’obtenir de bonnes récoltes.Actuellement, les tinecos utilisent de l’engrais organique dans lequel sont mé<strong>la</strong>ngés descomposants chimiques. Il est coutume de qualifier cet engrais « mé<strong>la</strong>ngé », de mezc<strong>la</strong>do.L’engrais naturel est généralement composé d’éléments organiques qui jonchent le sol desforêts, appelés communément broza ou litière forestière 119 . La broza est également souventmé<strong>la</strong>ngée avec des excréments d’animaux et des herbes non comestibles. Agrémentéed’autres engrais organiques, <strong>la</strong> litière forestière est donc systématiquement mé<strong>la</strong>ngée à del’engrais chimique, avec parcimonie cependant pour <strong>la</strong> culture du maïs. Pour les agriculteursmams, <strong>la</strong> litière semée dans le sol sert d’« oreiller » au fertilisant chimique. Il permet d’éviterque les fertilisants et autres pesticides soient emportés dans les profondeurs lors des fortespluies.Certains informateurs précisent qu’ils observent un net retour de l’utilisation d’engraisorganiques pour l’agriculture, parfois pour des raisons idéologiques, mais surtout pour desraisons économiques. Adolfo est <strong>la</strong> dernière personne de San Martín à élever des moutons. Leberger explique que son activité d’élevage n’a pas pour objectif de vendre <strong>la</strong> viande de sesanimaux. Ce qu’il tire de ses moutons, ce sont leurs défections, utilisées comme engraisnaturel. Selon ses dires, l’engrais naturel doit être appliqué deux fois l’an sur les champs, àraison de quatre fois l’an pour de l’engrais chimique (Adolfo, 02/02/2008). Il en est de mêmepour les p<strong>la</strong>ntes médicinales. À maintes reprises, des interlocuteurs sur le terrain m’ontproposé des infusions d’herbes pour soigner les maux qui m’incommodaient. Non seulement,ils louent leurs vertus curatives mais ils vantent aussi leur accessibilité financière.Malgré les bénéfices économiques des engrais organiques, les informateurs affirment que <strong>la</strong>rentabilité de leurs terres serait devenue dépendante des produits chimiques. Lors d’une visitede ses champs, le chamane Efraín m’expliqua sa conception des fertilisants chimiques : « ilssont comme nos vaccins d’aujourd’hui. Il était possible de vivre sans être vacciné auparavantcar les ma<strong>la</strong>dies infectieuses n’existaient pas dans <strong>la</strong> région. Aujourd’hui, il n’est plusconcevable de ne pas se vacciner car les virus sont actifs ». Selon lui, il en serait de mêmepour les fertilisants nécessaires à l’activation des défenses des sols. Tel un cercle vicieux, lesfertilisants chimiques engendrent des coûts dont les agriculteurs ne peuvent se défaire. Otto,pour sa part, estime que <strong>la</strong> terre est une ressource naturelle renouve<strong>la</strong>ble. Il serait possible dese détacher des fertilisants chimiques et de produire des produits d’une meilleure qualité,mais au prix d’une compétitivité moindre sur le marché (Otto, MAG, 20/07/2008). Careysouligne en effet que <strong>la</strong> reconversion à un usage unique de fertilisants naturels nécessite unsevrage de <strong>la</strong> terre d’une durée de deux à huit ans (Carey, 2009 : 308). Cette période d’attente119 Outre <strong>la</strong> technique de <strong>la</strong> fertilisation organique par <strong>la</strong> litière forestière, Hostnig et al. (1998) commententd’autres méthodes utilisées traditionnellement dans l’altip<strong>la</strong>no mam afin de maintenir et de récupérer <strong>la</strong> fertilitédes sols. J’ai pu observer certaines de ces méthodes dans <strong>la</strong> zone étudiée comme : les cultures associées, <strong>la</strong>rotation des cultures, <strong>la</strong> fertilisation avec <strong>la</strong> fiente de vo<strong>la</strong>ille et du fumier de bétail, l’incorporation de chaume,d’engrais verts… À San Martín, l’utilisation d’excrément de moutons reste une exception et <strong>la</strong> mise en jachèredes terres fait débat comme on a pu le voir dans <strong>la</strong> partie précédente concernant les phénomènes migratoires.146

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