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donnait bien ! Et à chaque fois, vers le mois de mai, ils faisaient une autre prière. Avant, tousles hommes et pas seulement les prêtres mayas, mais tous les aînés s’y rendaient. Ils semettaient en prière tous ensemble. Ils se rejoignaient comme lors d’une réunion, dans chaquehameau. Les hommes en charge d’un rôle politique, les messieurs des confréries seréunissaient. Le maire organisait parfois une réunion pour prier tous ensemble. Trois fois l’an :janvier, février, mai et aussi quand ils al<strong>la</strong>ient semer le maïs, ils faisaient des prières. Quandils coupaient les feuilles du maïs, ils réalisaient une autre prière. Et lors des premiers épis demaïs, on faisait encore d’autres prières. Ils faisaient ce<strong>la</strong> accompagnés de <strong>la</strong> chirimíl<strong>la</strong> (…).Ah, mais quel beau blé avant ! Et il n’avait pas besoin de fumigation, ce n’était pasnécessaire… Les récoltes étaient miraculeuses avant. Et <strong>la</strong> terre sainte n’avait pas besoind’engrais chimique ni organique. La terre était un pur miracle (Miguel, MAG, 20/07/2008).Miguel souligne les moments de réalisation de prières collectives : « aux mois de janvier, demai et quand ils al<strong>la</strong>ient semer le maïs ». L’énumération quelque peu évasive de ces ritesmayas s’arrête sur les temps-clés de <strong>la</strong> croissance du maïs dans l’altip<strong>la</strong>no : sonensemencement au courant du premier semestre, <strong>la</strong> récole des premières feuilles de <strong>la</strong> milpaau mois de juin, <strong>la</strong> récolte des elotes en septembre et enfin, <strong>la</strong> récolte du maïs durci vers <strong>la</strong> minovembreet décembre 203 . Ces prières ne mobilisaient pas uniquement les prêtres mayas,précise-t-il. Dans chaque hameau, toute <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion se réunissait : les ancianos et ancianas,les hommes politiques, les « messieurs des confréries ». Les prières étaient parfois initiées parle maire local. Miguel raconte ainsi que, lorsqu’il était maire de San Martín, il organisait descérémonies pour <strong>la</strong> municipalité. Évènements qui, déplore-t-il, ne sont plus aujourd’huiorganisés par les autorités municipales. Or, si « <strong>la</strong> terre était miraculeuse », c’est précisémentparce que des prières lui étaient adressées ainsi qu’à l’intention de <strong>la</strong> pluie ou du vent.Offrandes et prièresTraditionnellement, le maintien de re<strong>la</strong>tions pacifiques entre les êtres vivants et les esprits de<strong>la</strong> nature, repose sur le principe du don et en particulier, de l’offrande dans l’espoir d’uneprotection. Roberte Hamayon fait remarquer combien ce type de re<strong>la</strong>tions, marqué par lesceau de l’échange est essentiel dans le chamanisme (1990). L’offrande se réalise lors depratiques quotidiennes ainsi que par certains rites que les profanes peuvent accomplir –souvent les aînés des communautés – et par des cérémonies que seuls les ajq’ij sont à mêmede mettre en œuvre. La logique sous-jacente est celle-ci : « je ne peux prendre que si jedonne ». Par des offrandes et des cérémonies, le chamane prend part à <strong>la</strong> gestion des rapportsavec les différentes entités qui peuplent le cosmos, considérées comme des êtres vivants,pourvus de figures d’esprit, et donc d’intériorité.Pour soigner des ma<strong>la</strong>dies, délivrer du péché ou de forces maléfiques, remercier pour unebonne récolte, des rituels ésotériques, appelés cérémonies mayas, sont exécutés par leschamanes. Malgré de nettes différences dans les rituels observés, l’acte rituel présente unestructure constante faite de deux éléments : des prières et des offrandes. L’essentiel des203 Il existe bien-sûr des variations dans les mois et les dates du développement de <strong>la</strong> céréale. Sa croissance dansl’altip<strong>la</strong>no varie en fonction de l’ensoleillement des terrains et de <strong>la</strong> proximité ou non de sources d’eau.236

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