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aison des combinaisons plurielles de physicalités et d’intériorités différentes. Chaque entitédu monde, humaine et non-humaine, est un exemp<strong>la</strong>ire quasi unique, ce qui tranche sur l’unitédes facultés internes que les ontologies animiques reconnaissent aux humains et à certainsnon-humains. La cosmovision des indigènes mams contemporains s’apparente ainsidavantage à une ontologie analogique qu’à une ontologie animiste.Une ontologie en quête d’analogies et d’équilibrePour faire face à <strong>la</strong> multiplicité des essences, les systèmes analogiques font preuved’inventivité « pour traquer à des fins pratiques toutes les similitudes et les résonancesoffertes à l’inférence par l’observation » (Desco<strong>la</strong>, 2005 : 281). Selon Desco<strong>la</strong>,« L’analogisme use donc de l’analogie afin de cimenter un monde rendu friable par <strong>la</strong>multiplicité de ses parties, et il le fait avec une systématicité admirable » (2005 : 315). Lescosmologies analogiques regorgent de puissants dispositifs d’appariement, de structuration etde c<strong>la</strong>ssement pour devenir représentables, ou simplement vivables, pour ceux quil’occupent ; elles « ont su systématiser ces chaînes éparses de signification dans desensembles ordonnés et interdépendants, orientés pour l’essentiel vers l’efficacité pratique »(Desco<strong>la</strong>, 2005 : 302).Si Desco<strong>la</strong> utilise le qualificatif « analogique » pour désigner ce schème d’identification,l’analogie n’est toutefois qu’un résultat ou une conséquence de ce mode d’identification.[L’analogie] ne devient possible et pensable que si les termes qu’elle met en rapport sontdistingués à l’origine, que si le pouvoir de déceler les similitudes entre les choses, et lepouvoir d’effacer ainsi en partie leur isolement, s’appliquent à des singu<strong>la</strong>rités. Bref,l’analogisme est une sorte de rêve herméneutique de complétude qui procède d’un constatd’insatisfaction (…). C’est bien <strong>la</strong> différence infiniment démultipliée qui est l’état ordinaire dumonde pour l’analogisme, et <strong>la</strong> ressemb<strong>la</strong>nce le moyen espéré de rendre ce monde intelligibleet supportable (Desco<strong>la</strong> in Latour et Gagliardi, 2006 : 251).Le grand travail de l’analogie consiste à établir une illusion de continuité entre des intérioritéset des physicalités totalement discontinues à l’origine.La recherche d’analogies entre les entités idiosyncratiques permet d’établir descorrespondances entre les entités qui composent le cosmos. Idiosyncratiques, ces entités apriori totalement disparates, sont cimentées par des similitudes. Incluses dans un mêmesystème, elles ne peuvent être séparées : « tous ont leur propre manière d’être : le soleil a sespropres énergies, <strong>la</strong> lune, <strong>la</strong> terre, les étoiles, les ga<strong>la</strong>xies et comme vous et moi, nous suivonstous notre propre direction, nos propres pensées. Nous sommes indépendants mais nous nepouvons pas être séparés » (Victoriano Álvaro, 26/03/2009). Il n’est pas rare par exempled’entendre des analogies au sujet de <strong>la</strong> « Terre Mère » considérée « comme un organismecomposé de diverses fonctions » (Efraín Méndez, 01/06/2005) en proie au déséquilibre, àl’instar des organismes des êtres humains et, souvent à cause de ces derniers. Les participantsà l’analyse en groupe ont par exemple spontanément mis en perspective <strong>la</strong> réflexion sur lesproduits chimiques « dopants » les sols au niveau agricole et les corps humains sur le p<strong>la</strong>nmédical. Leurs discours ne distinguent pas les problèmes rencontrés par leurs congénères354

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