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est souvent absente des débats sur les changements climatiques 278 . Cette absence accentue dèslors un manque de dialogue et d’analyse profonde des liens entre <strong>la</strong> condition humaine, <strong>la</strong>culture et les problèmes systémiques au sujet du développement durable.Puntenney (2009) estime qu’en tant qu’anthropologue, nous nous devons de réfléchir à notreempreinte écologique et culturelle. Pour <strong>la</strong> limiter, l’anthropologie doit s’atteler à <strong>la</strong> tâche derepenser les modèles de développement. Or, se focaliser sur <strong>la</strong> menace des changementsclimatiques détourne l’attention de <strong>la</strong> nature explosive de notre monde postindustriel. Il estalors nécessaire de questionner les inégalités sociales produites par un système de dominationdes idéologies capitalistes. Car l’analyse ne peut se restreindre ni aux problèmes écologiqueslocaux qui créent <strong>la</strong> vulnérabilité aux risques de phénomènes naturels extrêmes, ni à unelecture « politiquement correcte » sur l’influence anthropique sur les dérèglementsatmosphériques. L’anthropologue qui travaille sur les catastrophes a le devoir de se montrercritique par rapport à un manque de politisation ou de mise en contexte social de certainsaspects lié à l’environnementalisme.Malgré les projections statistiques incertaines sur les changements climatiques, il estfondamental de rendre accessible ces données aux communautés humaines isolées des savoirsscientifiques et vulnérables aux conséquences des émissions de carbone. Le monde ruralguatémaltèque, exclu de <strong>la</strong> dite « modernité avancée » propre aux sociétés industrielles, nepeut être par <strong>la</strong> même exclu d’une réflexion collective sur les répercussions de cettemodernité. Il est aujourd’hui nécessaire que des experts locaux soient formés afin de travailleravec les communautés locales dans l’objectif d’augmenter leurs capacités d’adaptation auxchocs climatiques 279 . Mais si les savoirs autochtones concernant les phénomènes climatiquesdoivent être alimentés par les études scientifiques sur les nouveaux paramètresmétéorologiques, les experts, à leur tour, ne peuvent plus négliger l’apport potentiel desconnaissances des communautés qui affrontent les chocs climatiques. Sources de savoirs, lesinformateurs locaux, susceptibles d’être affectés par des menaces climatiques, devraient êtreassociés davantage à <strong>la</strong> recherche de solutions et de politiques en matière de réductions desrisques. Les solutions aux risques climatiques requièrent une responsabilisation politique et unpositionnement public débattu entre autres avec les popu<strong>la</strong>tions habituellement exclues desprocessus stratégiques de décision 280 . Alors que les changements climatiques n’ont pas278 Pour exemple, Puntenney rappelle à ce sujet que l’American Anthropological Association possède un statutconsultatif qui lui permet d’accréditer des anthropologues pour assister aux réunions de l’ONU (2009 : 323).279 Afin de palier au déficit d’experts locaux compétents en gestion de réduction des risques au Guatema<strong>la</strong>, j’aiparticipé, avec une équipe interdisciplinaire, à <strong>la</strong> mise en p<strong>la</strong>ce d’un projet ciblé de coopération interuniversitairefinancé par <strong>la</strong> Coopération universitaire belge au développement. Ce projet de partenariat entre l’UniversitéCatholique de Louvain et le Centre universitaire de San Marcos de l’Université San Carlos du Guatema<strong>la</strong> a pourobjectif de renforcer les capacités universitaires, sociales et institutionnelles en éducation à l’environnement et,en particulier, à l’analyse interdisciplinaire des catastrophes socionaturelles et à <strong>la</strong> gestion des risques auGuatema<strong>la</strong>.280 Comme le souligne le rapport dirigé par les auteurs indigènes Raymond de Chavez et Victoria Tauli-Corpuz,Guide on climate change and indigenous peoples (Philippines, Tebtebba Foundation, 2008), alors que lespopu<strong>la</strong>tions indigènes ont dû, depuis des milliers d’années, s’adapter aux changements climatiques, leurscapacités de résilience et d’adaptation sont aujourd’hui confrontées à une accélération de ces changements.Certains acteurs indigènes, conscients de l’urgence d’une modification du modèle de développement dominantinsoutenable (System change not climate change), revendiquent un rôle d’interlocuteur digne de ce nom pour405

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