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La possession des terres est une chose, mais les modalités du travail agricole opéré sur cesterres en sont une autre. Il est en effet intéressant de se pencher sur <strong>la</strong> question de <strong>la</strong> reprisedes activités agricoles par les migrants partis dans le Nord américain qui ont choisi de revenirà San Martín.Activités agricoles dans l’après migrationLa mobilité des indigènes de l’altip<strong>la</strong>no comme élément de survie a toujours existé. Lors de<strong>la</strong> période préhispanique, <strong>la</strong> popu<strong>la</strong>tion mam migrait déjà de manière saisonnière vers <strong>la</strong> côte.Ces allers-retours se sont développés dans le maintien d’un attachement à <strong>la</strong> terre desancêtres. Traditionnellement, un rite pratiqué peu après <strong>la</strong> naissance d’un nouveau-né visait àsceller un lien à sa terre natale. Lors de <strong>la</strong> cicatrisation du nombril, <strong>la</strong> partie séchée du cordonombilical qui se détache alors de l’enfant est p<strong>la</strong>ntée ou posée dans un arbre à proximité de <strong>la</strong>maison. Pour Pascual Vásquez, « cette tradition symbolise <strong>la</strong> re<strong>la</strong>tion de l’homme avec <strong>la</strong>terre et <strong>la</strong> nature. Les gens l’interprètent surtout comme l’enracinement que l’on doit avoirdans le lieu où l’on naît » (Pascual Vásquez, 08/08/2009). La coutume de p<strong>la</strong>cer cette partiedu cordon ombilical dans un lieu symbolique est aujourd’hui encore pratiquée par denombreuses popu<strong>la</strong>tions d’origine maya. Cecilio L. Rosales a par exemple pu observerl’importance de ce rite chez les Mams du Chiapas (2008).À l’instar de leurs ascendants, pour les tinecos, toute action de migration a du sens si elle esten lien avec le lieu d’appartenance. La « salida al norte » (sortie vers le Nord), est ainsitoujours imaginée dans <strong>la</strong> perspective d’un potentiel retour. Pour l’anthropologue Manue<strong>la</strong>Camus, il serait dès lors davantage approprié de parler en termes de mobilité car cet espoir deretour persiste (Camus, 2007). Toutefois, certaines personnes s’installent aux États-Unis àtitre définitif. Cette situation s’oppose à <strong>la</strong> conception traditionnelle de <strong>la</strong> mobilité. D’autresmigrants font parfois le choix de revenir vivre dans leur pays d’origine après cinq, dix, voirequinze années d’absence. Ces « revenants » volontaires 112 , appelés retornados 113 , constituentune frange minoritaire mais, non négligeable, des migrants tinecos. Ces personnes viennentsoit se réinstaller définitivement à San Martín, soit s’y poser le temps de construire unemaison et de se marier mais bien souvent, elles reprennent le chemin de <strong>la</strong> migration car ellessouffrent du long processus de réadaptation. Je me suis attachée à comprendre le rapport à <strong>la</strong>terre et les réinsertions dans les activités agricoles de ces migrants majoritairement masculins,de retour à San Martín 114 .112 Outre les retours spontanés, San Martín compte également un certain nombre d’hommes qui ont été renvoyésau pays, les deportados. Interceptés comme illégaux sur le sol américain, ces hommes déportés tentent biensouvent de partir à nouveau, s’ils en ont les moyens. Capturés au cours du périple migratoire du Guatema<strong>la</strong> auxÉtats-Unis, les passeurs offrent, pour <strong>la</strong> même somme d’argent, l’opportunité d’un second voyage dans <strong>la</strong>c<strong>la</strong>ndestinité.113 Le terme « retornado » est également un terme qui est utilisé pour qualifier les personnes qui sont revenuesau Guatema<strong>la</strong> après s’être réfugiées, pour <strong>la</strong> plupart d’entre eux, dans les régions frontalières mexicaines. Dansson ouvrage Lucha por <strong>la</strong> tierra, retornados y medio ambiente en Huehuetenango (1998), César Castañedaexpose les problèmes environnementaux spécifiques occasionnés par le retour de ces familles ayant abandonnéleur terre pendant un certain nombre d’années.114 Comme le souligne Dennis Conway et Robert B. Potter (2006), les sciences sociales se sont peu intéresséesaux migrants de retour chez eux. Pour ces auteurs, <strong>la</strong> perspective économique a toujours été dominante (par137

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