12.07.2015 Views

Télécharger la thèse doctorale - FGF

Télécharger la thèse doctorale - FGF

Télécharger la thèse doctorale - FGF

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

La « nouvelle interprétation » du destin formulée par Victoriano ne semble cependant pas sinovatrice. Elle insiste sur le caractère libre des êtres humains qui ne seraient pas confrontés àun destin écrit. L’être humain, selon lui, est libre de suivre ou de ne pas écouter ce que sonnahual lui indique : « mon nahual ne me manipule pas, c’est moi qui maîtrise le nahual pourbien faire ce qu’il m’indique ». Toutefois, tout comme Audelino, Victoriano rappelle quenous avons chacun des aptitudes reçues lors de notre création. Soit, nous n’en faisons pas caset nous vivons une vie remplie d’échecs et non harmonieuse, soit « nous analysons bien cepour quoi nous sommes venus au monde, et nous trouvons notre chemin et notre équilibre ».Victoriano se fait un point d’honneur à rappeler <strong>la</strong> responsabilité des hommes face à leurdestin. Pour lui, les échecs dans une vie ne sont pas à imputer aux nahuals, mais Victorianone se détache pas pour autant de l’idée que chaque être est doté de dons uniques qu’il peututiliser ou négliger. Attribué à <strong>la</strong> naissance, le nahual prédispose les êtres vivants à recevoircertains dons et qualités. Il prédétermine ainsi indirectement les êtres humains à une destinéesociale particulière.À un niveau collectif, le comptage cyclique du temps et le caractère cyclique des événements(comme le passage d’une tempête tropicale) inscrivent immanquablement l’histoire deshommes et des entités non humaines dans une destinée. Le jeu des contiguïtés temporelles queles tinecos expliquent par <strong>la</strong> redondance d’événements simi<strong>la</strong>ires lors du recommencementd’un cycle, permet de situer les événements, comme les catastrophes, dans de grandes et<strong>la</strong>rges allégories de commencements et de fins, d’apocalypses et de renaissances. Prophétiesmayas (tous les 52 ans) et prophéties millénaristes (prédictions de maux et de catastrophesavant <strong>la</strong> seconde venue du Christ) annoncent des futures catastrophes. Les idéologiescycliques relient ainsi le présent au passé, de telle manière que les événements courantsprennent p<strong>la</strong>ce dans une histoire attendue. Ce qui apparaît inattendu est en fait attendu. Lesévénements extraordinaires n’ont pas besoin de glisser dans le mythe, car ils sont déjàmythiques lorsqu’ils surviennent (Hoffman, 2002 : 134).Dans un système complexe ou les entités forment le tout, et le tout se retrouve dans les entités,les divers calendriers sont des outils mis à <strong>la</strong> disposition des hommes afin qu’ils respectentl’ordre du cosmos et son bon déroulement. Selon le chamane Victoriano, pour que leshommes ne passent pas à côté de ce pour quoi ils ont été appelés à vivre sur terre, a été créé letzolk’in, le calendrier sacré de 260 jours. Le tzolk’in est quotidiennement mobilisé par leschamanes pour permettre de calculer le nahual et l’énergie du jour, et d’évaluer leursretombées sur les parcours individuels et ceux de <strong>la</strong> communauté des vivants. Desco<strong>la</strong> émetl’hypo<strong>thèse</strong> que « les dispositifs de comput du type écriture sont absolument indispensablesdans l’analogisme parce que <strong>la</strong> multiplicité des composantes du monde y est telle que leurmise en ordre, notamment par le biais des techniques de <strong>la</strong> divination, de <strong>la</strong> prédiction,suppose des tableaux de correspondances standardisés, en tout cas une forme de dispositionspatiale des éléments retenus qui débouche, ou doit déboucher, pour des raisons de limites de<strong>la</strong> mémoire, sur des représentations graphiques du type pictogrammes ou écriture » (Desco<strong>la</strong>in Latour et Gagliardi, 2006 : 264). Le nombre, <strong>la</strong> complexité et l’imbrication des diverscalendriers mayas (tzolk’in, calendrier lunaire, calendrier civil ou haab de 365 jours, lecalendrier basé sur le cycle sidéral de Vénus, les cycles longs…), illustrent <strong>la</strong> nécessité d’unegestion écrite du temps, court et plus long. Héritage des anciens mayas, ces calendriers sont366

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!