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La pensée européenne au XVIIIe siècle - Les Classiques des ...

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P<strong>au</strong>l Hazard — <strong>La</strong> <strong>pensée</strong> <strong>européenne</strong> <strong>au</strong> <strong>XVIIIe</strong> <strong>siècle</strong> 101<br />

la paléontologie, qui trouvait dans les couches profon<strong>des</strong> du sol la trace<br />

d’êtres disparus ; les résultats apportés par la physiologie, qui enregistrait <strong>des</strong><br />

phénomènes de dégénérescence et d’<strong>au</strong>tres d’hybri dation. Mais non sans<br />

résistance. On prenait M<strong>au</strong>pertuis pour un cerve<strong>au</strong> bizarre ; ses visiteurs<br />

racontaient avec étonnement que sa maison était une ménagerie, remplie<br />

d’anim<strong>au</strong>x de toute espèce, qui n’y entretenaient pas la propreté, et qu’il se<br />

divertissait étrangement à accoupler <strong>des</strong> anim<strong>au</strong>x disparates. Plus fou encore<br />

semblait <strong>La</strong> Mettrie, affirmant que les premières générations avaient dû être<br />

très imparfaites, qu’ici l’oesophage avait manqué, et là, les intestins ; que<br />

seuls avaient survécu les anim<strong>au</strong>x doués de tous les organes nécessaires, et les<br />

plus forts. On avait à soulever un poids immense d’igno rance et de préjugés,<br />

pour voir émerger peu à peu le transformisme de <strong>La</strong>marck.<br />

De longues peines, <strong>des</strong> désappointements, <strong>des</strong> déboires ; mais <strong>au</strong>ssi <strong>des</strong><br />

exaltations et <strong>des</strong> joies. On trahirait l’époque si on ne rendait pas le<br />

frémissement qui l’anima.<br />

O merveilles ! ô monde prodigieux <strong>des</strong> insectes ! Voici que Charles<br />

Bonnet découvre, en observant <strong>des</strong> pucerons, le plus étonnant <strong>des</strong><br />

phénomènes : ils se reproduisent sans l’interven tion du mâle par<br />

parthénogénèse. O monde prodigieux <strong>des</strong> plantes ! Voici qu’Abraham<br />

Trembley découvre en observant <strong>des</strong> tiges aquatiques, qu’elles s’allongent,<br />

déplacent <strong>des</strong> cornes ou <strong>des</strong> bras, se contractent et même se déplacent :<br />

seraient-ce <strong>des</strong> anim<strong>au</strong>x ? Il coupe ces polypes en plusieurs morce<strong>au</strong>x, et<br />

chacun de ces morce<strong>au</strong>x donne un <strong>au</strong>tre polype : ce sont <strong>des</strong> plantes, elles se<br />

reproduisent par boutures. Mais non, ce ne sont pas <strong>des</strong> plantes : les polypes<br />

saisissent <strong>des</strong> petits vers, les introduisent par leur bouche dans la cavité de<br />

leur corps, les digèrent : ce sont <strong>des</strong> anim<strong>au</strong>x. Ce sont <strong>des</strong> anim<strong>au</strong>x plantes ;<br />

p.142 les deux à la fois 1... Ré<strong>au</strong>mur reprend quelques-unes <strong>des</strong> expériences de<br />

Tremblay : « J’avoue que lorsque je vis pour la première fois deux polypes se<br />

former peu à peu de celui que j’avais coupé en deux, j’eus p eine à en croire<br />

mes yeux ; et c’est un fait que je ne m’accoutume point à le voir, après l’avoir<br />

vu et revu cent et cent fois. » Là-<strong>des</strong>sus, on coupait en morce<strong>au</strong>x <strong>des</strong> vers<br />

d’e<strong>au</strong> douce appelés naïa<strong>des</strong>, voire même <strong>des</strong> vers de terre, et chaque fois ils<br />

se régénéraient d’eux -mêmes. Spallanzani coupait les cornes, coupait la tête<br />

de limaçons à coquille : les cornes repoussaient, la tête se reformait.<br />

S’attaquant alors <strong>au</strong>x salamandres d’e<strong>au</strong>, anim<strong>au</strong>x à sang rouge, il leur<br />

tranchait les pattes, et ces pattes repoussaient ! On en était revenu <strong>au</strong> temps<br />

<strong>des</strong> miracles, mais <strong>des</strong> miracles naturels. <strong>Les</strong> plantes respiraient ; l’air n’était<br />

plus un <strong>des</strong> quatre éléments simples, il se composait de gaz qu’on arrivait à<br />

dissocier ; de Philadelphie, dans le Nouve<strong>au</strong> Monde, on signalait qu’un<br />

homme, Benjamin Franklin, avait capté la foudre, avait pris possession du<br />

1 Abraham Trembley, Mémoire pour servir à l’histoire d’un genre de Polypes d’e<strong>au</strong><br />

douce...,1744.

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