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La pensée européenne au XVIIIe siècle - Les Classiques des ...

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P<strong>au</strong>l Hazard — <strong>La</strong> <strong>pensée</strong> <strong>européenne</strong> <strong>au</strong> <strong>XVIIIe</strong> <strong>siècle</strong> 139<br />

CHAPITRE VI<br />

L’éducation.<br />

p.190 Avant l’ Émile (1762), on remarque d’abord une offensive du passé.<br />

Puis s’opère un mouvement qui commence avec lenteur, et s’accélère <strong>au</strong>x<br />

environs de 1750. Vers 1760, « il paraît que par rapport <strong>au</strong>x vues d’éducation,<br />

il y a dans le public de l’Europe une espèce de fermentation 1 ... » <strong>Les</strong><br />

philosophes demandent <strong>au</strong>x pédagogues leur compte, et, le trouvant mal fait,<br />

le recommencent ; ils s’aident de Mon taigne, de Fénelon et de Locke, dont<br />

l’influence est particu lièrement forte, cas particulier d’une action générale.<br />

Tous <strong>au</strong>ront à examiner si les idées du Sage — l’éducation <strong>des</strong> tinée non plus à<br />

former <strong>des</strong> honnêtes gens, ornement de la Société, mais <strong>des</strong> citoyens actifs ;<br />

l’éducation <strong>des</strong>tinée à pro duire <strong>des</strong> corps vigoureux en même temps que <strong>des</strong><br />

âmes droites ; l’éducation <strong>des</strong>tinée à favori ser les puissances spontanées de<br />

l’être plutôt qu’elle ne doit les contraindre — doivent être rejetées ou retenues<br />

en vue d’un proche avenir.<br />

Voici Charles Rollin. Il est du métier : professeur, principal du Collège de<br />

Be<strong>au</strong>vais, et même Recteur magnifique. Austère, il est fortement teinté de<br />

jansénisme ; savant, il enseigne <strong>au</strong> Collège Royal ; <strong>au</strong>ssi est-il <strong>au</strong>réolé d’une<br />

gloire pédagogique. Son Traité <strong>des</strong> Étu<strong>des</strong>, qui paraît de 1726 à 1728, et qui<br />

ne comprend pas moins de quatre volumes, est salué avec honneur par ceux<br />

qui aiment les lettres classiques et la tradition de bon goût.<br />

p.191 L’éducation a trois objets : elle cultive l’esprit <strong>des</strong> jeunes gens et elle<br />

l’orne par toutes les connaissances dont ils sont capables ; elle s’applique à<br />

mettre pour ainsi dire le comble à son ouvrage en formant en eux le chrétien.<br />

Le latin, avec un peu de grec, doit en rester l’élément principal. S’il avait écrit<br />

son traité en latin, comme Charles Rollin se serait senti plus à l’aise ! Sans se<br />

vanter, il écrit mieux en latin qu’en fran çais. Mais enfin, il a bien fallu qu’il<br />

songeât à ceux <strong>des</strong> élèves qui ne veulent pas devenir professeurs, et qui ne<br />

feront plus de discours cicéroniens : <strong>au</strong>ssi s’est -il déterminé à choisir le<br />

français, à donner <strong>des</strong> exemples tirés <strong>des</strong> <strong>au</strong>teurs français. Il est amoureux de<br />

la bonne vieille rhétorique qu’on apprend par les préceptes et par les modèles<br />

<strong>des</strong> Anciens ; <strong>des</strong> belles compositions oratoires, que l’on compose en<br />

recourant à <strong>des</strong> procédés connus, qu’il énumère : les parallèles et les lieux<br />

communs, par exemple, y sont d’un grand secours. Quand il conseille la<br />

lecture et l’explication <strong>des</strong> <strong>au</strong>teurs, il ne songe ni <strong>au</strong>x découvertes possibles,<br />

1 <strong>La</strong> Chalotais, Essai d’éducation nationale, 1763, p. 34.

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