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La pensée européenne au XVIIIe siècle - Les Classiques des ...

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P<strong>au</strong>l Hazard — <strong>La</strong> <strong>pensée</strong> <strong>européenne</strong> <strong>au</strong> <strong>XVIIIe</strong> <strong>siècle</strong> 158<br />

CHAPITRE VIII<br />

<strong>Les</strong> idées et les lettres<br />

p.215 Le plus grand changement que la littérature ait subi, nous l’avons vu :<br />

elle est devenue le champ de bataille <strong>des</strong> idées. Mais la Cité <strong>des</strong> hommes a<br />

voulu être belle, <strong>au</strong>ssi : de quelle espèce fut la be<strong>au</strong>té qu’elle aima ?<br />

Le pseudo-classicisme.<br />

On n’est jamais <strong>au</strong>ssi nouve<strong>au</strong> qu’on voudrait l’être ; c’est une vérit é que<br />

le XVIII e <strong>siècle</strong> n’a pas reconnue, mais dont il a subi l’effet. En se comparant<br />

à son aîné le XVII e, il a éprouvé un sentiment complexe, une pointe de<br />

jalousie, une nuance de respect. Il se disait plus grand et redressait la taille,<br />

plus grand dans la <strong>pensée</strong>, plus grand dans les sciences : mais pour ce qui est<br />

<strong>des</strong> lettres et <strong>des</strong> arts, il avouait qu’il n’avait pas réussi à l’égaler. Il exposait<br />

toutes les raisons qu’il avait de détester Louis XIV : et quand il avait fini, il<br />

avouait que la statue de Louis XIV restait sur son pié<strong>des</strong>tal, entourée d’une<br />

foule d’<strong>au</strong>tres statues, celles <strong>des</strong> génies.<br />

Il a donc traîné un lourd poids d’imitation. Il a obéi <strong>au</strong>x règles, les<br />

discutant et les subissant ; il s’est contenu dans les genres établis, il <strong>au</strong>rait bien<br />

voulu en trouver d’<strong>au</strong>tres et n’en trouvait pas. C’était à qui composerait <strong>des</strong><br />

fables, comme <strong>La</strong> Fontaine : Iriarte et Samaniego, Gay et Gellert. A qui ferait<br />

dialoguer les morts, comme Fontenelle et comme Fénelon : Gozzi, Frédéric II,<br />

et tant d’<strong>au</strong>tres. A qui mett rait dans les o<strong>des</strong> un enthousiasme bien calculé,<br />

comme Boile<strong>au</strong> : c’est ce que Gottsched recommandait <strong>au</strong>x poètes allemands.<br />

A qui conquerrait enfin la gloire du poème épique, la p.216 Henriqueida de<br />

Xavier de Meneses, <strong>La</strong> toma de Granada de Moratin, l’ Hermann ou<br />

l’ Heinrich der Vögler d’Otto Von Schönaich, et tant d’<strong>au</strong>tres en tous pays. M.<br />

de Voltaire avait donné le ton, dans <strong>La</strong> Ligue ou Henri le Grand, dès 1723 :<br />

Je chante les combats, et ce Roi généreux<br />

Qui força les Français à devenir heureux,<br />

Qui dissipa la Ligue et fit trembler l’Ibère,<br />

Qui fut de ses sujets le vainqueur et le père,<br />

Dans Paris subjugué fit adorer ses lois,<br />

Et fut l’amour du monde et l’exemple <strong>des</strong> rois.<br />

Muse, raconte-moi quelle haine obstinée

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