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La pensée européenne au XVIIIe siècle - Les Classiques des ...

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Il f<strong>au</strong>t que l’éducation devienne civique.<br />

P<strong>au</strong>l Hazard — <strong>La</strong> <strong>pensée</strong> <strong>européenne</strong> <strong>au</strong> <strong>XVIIIe</strong> <strong>siècle</strong> 145<br />

Autre chose l’i nstruction, <strong>au</strong>tre chose l’éducation ; celle-ci est de<br />

be<strong>au</strong>coup la plus importante, parce que si elle est bien menée, elle produira<br />

<strong>des</strong> citoyens. Cette idée <strong>au</strong>ssi s’exprime parmi tant d’idées effervescentes :<br />

l’école doit prendre un caractère national. « L’ art de former les hommes est,<br />

en tout pays, si étroitement lié à la forme du gouvernement, qu’il n’est pas<br />

possible de faire <strong>au</strong>cun changement considérable dans l’éducation publique,<br />

sans en faire dans la constitution même <strong>des</strong> États 1. » Tel gouvernement, telle<br />

éducation ; pas d’éducation possible dans un gouvernement <strong>des</strong>potique ;<br />

l’éducation doit devenir une partie intégrale de la politique, à double titre :<br />

elle la forme et elle est par elle formée.<br />

L’État <strong>au</strong>rait volontiers mis la main sur l’éducation. L’a bbé de Saint Pierre<br />

proposait la création d’un Bure<strong>au</strong> perpétuel pour la diriger, sous l’<strong>au</strong>torité du<br />

Ministre qui <strong>au</strong>rait dans son département la police générale de l’État : en<br />

langage moderne, un Secrétariat d’État à l’Éducation nationale, rattaché <strong>au</strong><br />

ministère de l’Intérieur. Il est permis de voir <strong>au</strong>tre chose qu’une coïncidence<br />

dans le fait que le même <strong>La</strong> Chalotais, qui prononça contre les Jésuites le<br />

réquisitoire que l’on sait, demandant qu’avant toute chose ils fussent<br />

dépossédés de leurs écoles, publia, l’année 1763, un Essai d’éducation<br />

nationale. L’État doit pourvoir <strong>au</strong>x nécessités de la Nation ; l’État ne doit pas<br />

abandonner l’éducation à <strong>des</strong> gens qui ont <strong>des</strong> intérêts différents de ceux de la<br />

patrie ; l’école doit préparer <strong>des</strong> citoyens pour l’État, do nc elle doit être<br />

relative à sa constitution et à ses lois ; elle est dirigée par <strong>des</strong> notions<br />

mystiques, je demande qu’elle soit dirigée par <strong>des</strong> notions civiles ; il ne s’agit<br />

pas de peupler le pays de séminaires et de cloîtres, mais de former <strong>des</strong><br />

citoyens ; le bien public, l’honneur de la Nation, veulent qu’on prépare chaque<br />

génération naissante à remplir avec succès les différentes professions de<br />

l’État. Dans son traité pédagogique comme dans son p.199 réquisitoire, <strong>La</strong><br />

Chalotais visait ce qu’il appelait « le vice de la monasticité 2 ». Vers le même<br />

temps, les princes réformateurs, sans se soucier tellement <strong>des</strong> théories,<br />

faisaient ce que l’État libéral se proposait de faire : ils faisaient de l’école une<br />

province de leur administration.<br />

En somme, il n’est pas un <strong>des</strong> modernistes qui n’ait appelé de ses voeux<br />

l’éducation progressive ; la question de l’allaite ment <strong>des</strong> nourrissons par les<br />

mères, celle de savoir s’il fallait ou non les emmailloter, celle de savoir s’il<br />

fallait préférer un précepteur privé <strong>au</strong> système de la vie en commun dans les<br />

écoles, celle de savoir comment il fallait choisir ce maître responsable si on se<br />

décidait en sa faveur, celle d’un métier manuel à apprendre, celle de la<br />

prim<strong>au</strong>té de l’éducation sur l’instruction, tous ces problèmes av aient été<br />

abordés et maintes fois traités. De même, on avait traité de l’éducation <strong>des</strong><br />

1 Helvétius, De l’Esprit, 1758. Discours IV, chapitre XVII.<br />

2 <strong>La</strong> Chalotais, ouvrage cité.

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