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La pensée européenne au XVIIIe siècle - Les Classiques des ...

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P<strong>au</strong>l Hazard — <strong>La</strong> <strong>pensée</strong> <strong>européenne</strong> <strong>au</strong> <strong>XVIIIe</strong> <strong>siècle</strong> 65<br />

en ce sens qu’ils retrouvaient quelques -uns de leurs propres accents.<br />

Raisonnement qui suivit la méthode donnée comme étant la seule bonne,<br />

l’observation et l’expérience. Joseph Butter, évêque de D urham, eut la<br />

satisfaction d’avoir donné <strong>au</strong> public une manière de sécurité philosophique ;<br />

l’hypothèque prise pur la vérité paraissait si forte que le déisme devait se tenir<br />

pour vaincu.<br />

On entrevoit ici, comme une nouve<strong>au</strong>té qui ne s’est pas encore inscri te<br />

dans l’histoire, et pour parler le langage du temps, un Christianisme<br />

« éclairé » : tout un mouvement européen, un mouvement chrétien, tendant à<br />

dépouiller la religion <strong>des</strong> stratifications qui s’étaient formées <strong>au</strong>tour d’elle, à<br />

offrir une croyance si libérale dans sa doctrine que personne ne pourrait plus<br />

l’accuser d’obscurantisme, si pure dans sa morale que personne ne pourrait<br />

plus nier son efficacité pratique. Non pas une compromission, mais la ferme<br />

assurance que les mêmes valeurs qui, pendant dix-huit <strong>siècle</strong>s, avaient fondé<br />

la civilisation, valaient encore et v<strong>au</strong>draient toujours.<br />

Si on voulait tenter du moins l’esquisse de ce grand effort, on<br />

commencerait par rappeler les penseurs qui comprirent que l’aristotélisme<br />

appartenait à un <strong>au</strong>tre âge, acceptèrent Descartes alors que la génération<br />

précédente l’avait banni, et lui demandèrent <strong>des</strong> arguments en faveur de la<br />

spiritualité de l’âme ; <strong>des</strong> penseurs chrétiens qui pratiquèrent et qui admirèrent<br />

Locke, refusant de le suivre dans son agnosticisme, mais exploitant les<br />

richesses psychologiques qu’il avait découvertes. On citerait les savants, et du<br />

plus h<strong>au</strong>t mérite, le P. Boscovitch à Raguse, Haller et Bonnet en Suisse,<br />

Ré<strong>au</strong>mur à Paris, Euler en Allemagne, qui montrèrent que la méthode<br />

expérimentale, loin de mener à l’incroyance, affer missait l’idée d’une finalité.<br />

On invoquerait les moralistes qui rappelèrent <strong>au</strong> Prince que sa puissance ne se<br />

fondait que sur un devoir plus strict, et qui exigèrent de lui be<strong>au</strong>coup plus p.92<br />

que les philosophes ne lui demandèrent jamais : tel le sage, le pieux Muratori<br />

qui n’était pas tellement plongé dans son érudition qu’il ne regardât la vie, qui<br />

a été quelquefois tenté par le doute, et qui s’est réfugié dans son Credo ; les<br />

gouvernants ne doivent avoir en vue que le bien de l’État, suivre en toutes<br />

choses la loi divine qui défend de commettre le mal et ordonne de contribuer<br />

<strong>au</strong> bien de tous, même <strong>au</strong> bien de leurs ennemis : faites <strong>au</strong>x <strong>au</strong>tres hommes ce<br />

que vous voudriez qu’ils fissent pour vous. Car le meilleur remède <strong>au</strong>x souf -<br />

frances sociales, sans tant de traités idéologiques, restait la charité ; et la règle<br />

unique proclamée par les déistes, aimez-vous les uns les <strong>au</strong>tres, n’était pas à<br />

eux, elle venait du Christ. On sortirait de l’ombre la figure <strong>des</strong> prêtres et <strong>des</strong><br />

évêques qui prêchèrent à leurs ouailles la tolérance, qui dénoncèrent la<br />

superstition. On compterait les Saints qu’a vu naître le XVII I e <strong>siècle</strong>.<br />

On n’oublierait pas l’effort <strong>des</strong> Congrégations. Prendrons -nous l’exemple<br />

d’un Jésuite, pendant près de quarante ans pr ofesseur <strong>au</strong> Collège<br />

Louis-le-Grand, collaborateur <strong>au</strong>x Mémoires de Trévoux ? A le lire, nous

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