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La pensée européenne au XVIIIe siècle - Les Classiques des ...

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P<strong>au</strong>l Hazard — <strong>La</strong> <strong>pensée</strong> <strong>européenne</strong> <strong>au</strong> <strong>XVIIIe</strong> <strong>siècle</strong> 194<br />

Aussi la plupart <strong>des</strong> tenants de l’esprit philosophique sont -ils de<br />

bourgeoisie. Aussi <strong>des</strong> formes nouvelles de la littérature s’adressent -elles à un<br />

public bourgeois. Aussi la littérature décrit-elle <strong>des</strong> ascensions rapi<strong>des</strong> vers<br />

une classe dont les frontières ne sont pas délimitées, mais qui se caractérise<br />

par la richesse : Le paysan parvenu, <strong>La</strong> paysanne parvenue, <strong>La</strong> nouvelle<br />

paysanne parvenue, Le soldat parvenu. Aussi le théâtre, plus volontiers qu’il<br />

ne caricature le bourgeois gentilhomme, exalte-t-il The London Merchant :<br />

celui-ci, digne et sentencieux, a son code d’honneur commercial qui se<br />

superpose <strong>au</strong> code ordinaire ; Lillo lui fait dire que, de même que le nom de<br />

marchand ne dégrade jamais celui de gentilhomme, de même un gentilhomme<br />

n’est pas nécessairement exclu de la dignité de marchand. Aussi le drame<br />

larmoyant, en même temps qu’il fait place à la sentimentalité, marque -t-il une<br />

évolution sociale : le bourgeois conquiert ses titres comme il a conquis la vie.<br />

L’avènement de la grande industrie ne se traduit pas encore en littérature : ce<br />

sera pour le XIX e <strong>siècle</strong>.<br />

Le franc-maçon.<br />

Paradoxe : <strong>des</strong> gens qui ne veulent plus d’Église, fréquentent une chapelle<br />

obscure. Des gens qui ne veulent plus de rites ni de symboles, recourent <strong>au</strong>x<br />

symboles et <strong>au</strong>x rites : l’ini tiation ; les colonnes, la toile peinte qui représente<br />

le temple de Salomon, l’étoile flamboyante ; l’équerre, le compas, le nive<strong>au</strong>.<br />

Des gens qui ne veulent plus de mystère, plus de voiles, qui demandent que<br />

même les négociations extérieures se fassent à ciel ouvert, s’engagent <strong>au</strong><br />

secret absolu : « Je promets et m’ob lige devant le grand architecte de<br />

l’Univers et cette honorable compagnie de ne jamais révéler les secrets <strong>des</strong><br />

maçons et de la maçonnerie, ni d’être la c<strong>au</strong>se directe ni indi recte que ledit<br />

secret soit révélé, gravé ou imprimé en quelque langue ou caractères que ce<br />

soit. Je promets tout cela sous peine d’avoir la gorge coupée, la langue<br />

arrachée, le coeur déchiré ; le tout pour être enseveli dans les profonds abîmes<br />

de la mer, mon corps brûlé et réduit en cendres, et jetées <strong>au</strong> p.264 vent, afin<br />

qu’il n’y ait plus mémoire de moi parmi les hommes et les maçons. » Des<br />

ration<strong>au</strong>x vont chercher <strong>au</strong> fond <strong>des</strong> âges les éléments d’un mysticisme qui,<br />

plus tard, et chez quelques-uns d’entre eux, se substituera à la raison. Des<br />

antisectaires fondent une secte.<br />

Mais <strong>au</strong>-delà <strong>des</strong> apparences, c’est bien l’esprit du <strong>siècle</strong> qu’on retrouve<br />

chez eux. Ils se conforment à la nouvelle conception de l’existence, celle qui<br />

répudie les <strong>au</strong>stérités, les tristesses, les désespoirs qui aboutissent à l’espoir de<br />

l’<strong>au</strong> -delà :<br />

Sur un chemin couvert de mille fleurs<br />

Le Franc-Maçon parcourt la vie<br />

En cherchant le plaisir, en fuyant les douleurs.<br />

De la morale d’Épicure<br />

Il suit toujours les douces lois...

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