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La pensée européenne au XVIIIe siècle - Les Classiques des ...

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P<strong>au</strong>l Hazard — <strong>La</strong> <strong>pensée</strong> <strong>européenne</strong> <strong>au</strong> <strong>XVIIIe</strong> <strong>siècle</strong> 107<br />

1740-1748. Johann Christian Wolff, Jus naturae methodo scientifica<br />

pertractatum.<br />

Johann Christian Wolff se met de la partie, il ne s’arrêtera plus. A lui de<br />

faire du droit naturel une logique, et de l’insérer dans le grand tab le<strong>au</strong><br />

systématique qui représente la vérité avec la vie.<br />

L’homme est composé d’une âme et d’un corps ; de même que l’ensemble<br />

de nos organes tend à la conservation de notre corps, de même la raison tend à<br />

mener l’âme vers sa perfection. Dès lors, nos action s prennent un caractère de<br />

bonté ou de malice intrinsèque : est bon ce qui contribue à cette perfection,<br />

m<strong>au</strong>vais ce qui la contrarie. Ainsi le veut la loi naturelle qui a sa raison<br />

suffisante dans l’essence <strong>des</strong> hommes et <strong>des</strong> choses. « Comme la nature,<br />

toujours intimement unie à la vérité, ne souffre pas la contradiction, ennemie<br />

éternelle de la vérité, la seule direction <strong>des</strong> actions humaines qui lui<br />

convienne, c’est qu’elles soient déterminées par les mêmes raisons finales que<br />

les naturelles, et qu’ainsi e lles tendent ensemble <strong>au</strong> même but. » Ceci posé,<br />

venons-en <strong>au</strong> droit. Pour que nous puissions remplir ces obligations naturelles,<br />

nous devons avoir la faculté de faire ce sans quoi nous ne s<strong>au</strong>rions les<br />

remplir : et de là vient un droit, soit à user <strong>des</strong> choses, soit à accomplir<br />

certains actes. L’organisation en société a fait naître d’<strong>au</strong>tres devoirs que ceux<br />

qui s’impo sent à l’individu ; donc elle a fait naître d’<strong>au</strong>tres droits qu’on<br />

appelle le droit privé, le droit public, le droit <strong>des</strong> gens. Et p.150 Wolff accomplit<br />

ce tour de force de faire dériver tous les cas particuliers de ces prémisses. Il<br />

<strong>des</strong>cend dans le détail, parle du domaine, <strong>des</strong> droits qui en résultent, <strong>des</strong><br />

obligations qui s’y trouvent attachées ; <strong>des</strong> donations, <strong>des</strong> contrats, <strong>des</strong> quasicontrats,<br />

<strong>des</strong> devoirs et <strong>des</strong> droits domestiques qui se rapportent <strong>au</strong>x sociétés<br />

conjugales, paternelle et hérile ; du droit <strong>des</strong> États, du droit <strong>des</strong> gens. Devant<br />

la logique de sa démonstration, l’un de ses admirateurs, Formey,<br />

s’émerveille : « <strong>La</strong> nature veut que l’hom me soit <strong>au</strong>ssi sain de corps et<br />

d’esprit qu’il peut l’être, la raison le veut <strong>au</strong>ssi ; supposez un homme où la<br />

nature et la raison agissent toujours de concert, vous <strong>au</strong>rez un homme parfait.<br />

Voilà le grand principe sur lequel reposent toutes les démonstrations de M.<br />

Wolff, et <strong>au</strong>cun philosophe n’en avait encore employé d’<strong>au</strong>ssi lumineux et<br />

d’<strong>au</strong>ssi féconds. » A vrai dire il manque encore quelque chose à la<br />

jurisprudence ; mais M. Wolff a si bien travaillé qu’il ne l’a pas portée très<br />

loin de son achèvement. Elle est maintenant comme une machine à laquelle il<br />

ne manque que d’ajuster les parties pour pouvoir être employée. Un <strong>au</strong>tre<br />

viendra qui, profitant <strong>des</strong> lumières de M. Wolff, corrigera ce qui lui est<br />

échappé de moins exact ; il viendra peut-être un temps où ce système,<br />

développé dans toute son étendue, s’établira sur les ruines <strong>des</strong> <strong>au</strong>tres et servira<br />

de guide à tous les jurisconsultes.<br />

1740. Fr. H. Strube de Piermont, Recherches nouvelles de l’origine et <strong>des</strong><br />

fondements du droit de la nature.

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