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La pensée européenne au XVIIIe siècle - Les Classiques des ...

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P<strong>au</strong>l Hazard — <strong>La</strong> <strong>pensée</strong> <strong>européenne</strong> <strong>au</strong> <strong>XVIIIe</strong> <strong>siècle</strong> 60<br />

Delectus argumentorum et Syllabus Scriptorum qui veritatem religionis<br />

christianae... asseruerunt (1725). L’hérésie prenait la voie <strong>des</strong> Universités<br />

pour se répandre : discours universitaires, dissertations, thèses, ramèneraient<br />

les étudiants à l’orthodoxie.<br />

Aucun pas ne fut fait sans provoquer une démarche contraire. Sus <strong>au</strong>x<br />

sociniens, guerre <strong>au</strong>x déistes, exterminons les athées. Le mal profond vient de<br />

Locke : réfutons ce philosophe par la philosophie. On ne parle que de<br />

démonstrations géométriques : démontrons géométriquement la vérité de la<br />

religion chrétienne. Périodiques contre périodiques, lettres contre lettres,<br />

dictionnaires contre dictionnaires, vers contre vers. Le Philosophe chrétien ;<br />

<strong>La</strong> Religion vengée...<br />

L’apologétique travailla d’abord à renforcer ses propres positions, à faire<br />

un examen attentif <strong>des</strong> arguments traditionnels, et pour ainsi dire à se rassurer<br />

elle-même ; elle relut les Pères de l’Église et les grands théologiens du passé ;<br />

elle rassembla ses puissances intérieures. Pour couper la racine du mal, écrit à<br />

Montesquieu l’évêque de Soissons, M gr de Fitz-James, le 29 septembre 1750,<br />

« il f<strong>au</strong>drait songer p.85 sérieusement à ranimer les étu<strong>des</strong> de théologie, qui<br />

sont entièrement tombées, et tâcher de former <strong>des</strong> ministres de la religion qui<br />

la connaissent et soient en état de la défendre. <strong>La</strong> religion chrétienne est si<br />

belle que je ne crois pas qu’on puisse la connaître sans l’aimer ; ceux qui<br />

blasphèment contre elle, c’est qu’ils l’ignorent. Si nous pouvions faire revivre<br />

<strong>des</strong> Bossuet, <strong>des</strong> Pascal, <strong>des</strong> Nicole, <strong>des</strong> Fénelon, la seule considération de<br />

leurs doctrines et de leurs personnes ferait plus de bien que mille censures. »<br />

Elle parla donc le langage de la scolastique à ceux qui l’entendaient<br />

encore : mais elle sut en parler un <strong>au</strong>tre à ceux qui ne l’entendaient plus. <strong>La</strong><br />

raison, pourquoi pas ? <strong>La</strong> raison et la religion sont-elles nécessairement <strong>des</strong><br />

ennemies ? Au contraire l’Église les a toujours associées. Nous ne pouvons<br />

connaître les objets que suivant les idées que nous en avons, et notre jugement<br />

n’est certain qu’<strong>au</strong>tant que nos idées sont claires : d’accord. Reste cependant<br />

un domaine que nos idées, obscures, bornées, et souvent f<strong>au</strong>tives, ne peuvent<br />

atteindre, personne ne le nie. Dieu ne peut nous tromper, c’est ce que tous les<br />

déistes accordent aisément. Or Dieu nous a révélé <strong>des</strong> vérités qui, <strong>au</strong>trement,<br />

nous seraient restées inaccessibles, il f<strong>au</strong>t les croire. <strong>La</strong> foi <strong>au</strong>x mystères n’est<br />

donc jamais contre la raison ; <strong>au</strong> contraire, la raison nous prescrit cette<br />

soumission à l’<strong>au</strong>torité divine. Ainsi parle un <strong>des</strong> apologistes les plus féconds<br />

de l’époque, l’abbé Bergier, qui rappel le à ses lecteurs le mot de saint P<strong>au</strong>l :<br />

rationabile obsequium 1.<br />

1 Apologie de la religion chrétienne, 1769 ; chapitre V. Voir, du même <strong>au</strong>teur, Le déisme<br />

réfuté par lui-même, 1765.

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