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La pensée européenne au XVIIIe siècle - Les Classiques des ...

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P<strong>au</strong>l Hazard — <strong>La</strong> <strong>pensée</strong> <strong>européenne</strong> <strong>au</strong> <strong>XVIIIe</strong> <strong>siècle</strong> 255<br />

CHAPITRE VI<br />

Le sentiment : Uneasiness ;<br />

potencia sensitiva en el ombre.<br />

p.346 L’homme de sentiment, l’homme de raison : deux types humains qui<br />

se succèdent ; l’un arrive et l’<strong>au</strong>tre s’en va... Et si, pourtant, les choses ne<br />

s’étaient pas passées avec cette simplicité schématique ? S’il y avait eu entre<br />

les deux quelque complicité ? Si la philosophie avait aidé le sentiment à<br />

s’expri mer, et même avait contribué à sa victoire ?<br />

Que <strong>des</strong> <strong>au</strong>teurs très secs aient fait une place, dans leurs oeuvres, à la<br />

sensibilité, à la sensiblerie ; que la tragédie ait largement exploité la passion,<br />

et quelquefois la tendresse ; qu’un Sheridan, par exemple, ait alterné<br />

l’émotion et la critique aiguë ; qu’un Goldsmith ait peint le vicaire de<br />

Wakefield et sa famille dans une note intermédiaire entre le souriant et le<br />

pathétique : voilà ce dont nous ne comptons point tirer parti. Car nous<br />

reviendrions à dire que les psychologies sont complexes, que les écrivains du<br />

temps s’en sont souvenus quelque fois ; et ce serait une trop évidente vérité.<br />

Nous ne tirerons pas davantage parti du fait que si le sentimental a<br />

résolument tourné le dos <strong>au</strong> philosophe, le philosophe lui a timidement tendu<br />

la main. Le philosophe a été éloquent, ce fut sa façon d’être lyrique ; il n’a pas<br />

dédaigné de mettre un tremolo dans sa voix. Le philosophe a eu <strong>des</strong> indignations<br />

pathétiques ; et, tout ennemi qu’il était de l’enthou siasme, <strong>des</strong><br />

enthousiasmes spectaculaires pour la vertu. Il ne s’est pas souvent demandé ce<br />

qu’était <strong>au</strong> juste notre Moi étrange, dont les éléments étaient toujours en<br />

dissolution et qui n’en préservait pa s moins son unité ; toujours changeant,<br />

toujours le même. Mais il a quelquefois posé la question ; et il a répondu que<br />

ce Moi mystérieux n’était peut -être pas un p.347 fait que l’intellect appréhende,<br />

mais un dynamisme que l’on sent. Le philosophe a cru qu e la vérité possédait<br />

une valeur intuitive..... Mais nous ne considérerons pas ces points de contact,<br />

trop rares ; nous cherchons <strong>des</strong> actions plus massives et plus générales.<br />

<strong>La</strong> science du concret a <strong>des</strong>sillé les yeux. Pour collectionner les plantes, il<br />

fallait bien se rendre dans les herbages et dans les forêts, et gravir quelquefois<br />

les premiers escarpements <strong>des</strong> montagnes. Un mouvement s’est produit, qui a<br />

porté les esprits vers l’observation <strong>des</strong> formes de l’être, et les a rendues dignes<br />

d’être regardées d’abord, ensuite admirées. Lorsque à vingt -cinq ans Linné<br />

décide d’étudier sur place la flore de <strong>La</strong>ponie, et que, le 12 mai 1732, il quitte<br />

Upsal par la porte du Nord, il hume le printemps. « Le ciel était clair et

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