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La pensée européenne au XVIIIe siècle - Les Classiques des ...

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P<strong>au</strong>l Hazard — <strong>La</strong> <strong>pensée</strong> <strong>européenne</strong> <strong>au</strong> <strong>XVIIIe</strong> <strong>siècle</strong> 21<br />

Dans ce mélange on faisait entrer la santé ; non plus une p.31 prière pour le<br />

bon usage <strong>des</strong> maladies, mais <strong>des</strong> préc<strong>au</strong>tions pour que la maladie ne vînt<br />

point. Plus une honnête fortune, s’il était possible. Tous les avantages<br />

matériels de la civilisation : car on n’en était pas encore <strong>au</strong> confort, mais on<br />

commençait à donner un plus h<strong>au</strong>t prix <strong>au</strong>x commodités de la vie.<br />

Des recettes prosaïques. Celle du marquis d’Argens : « Le vrai bonheur<br />

consiste dans trois choses : 1° n’avoir rien à se reprocher de criminel ; 2°<br />

savoir se rendre heureux dans l’état où le ciel nous a placés, et dans lequel<br />

nous sommes obligés de rester ; 3° jouir d’une parfaite santé. » Celle de Mme<br />

du Châtelet : « Il f<strong>au</strong>t, pour être heureux, s’être d éfait <strong>des</strong> préjugés, être<br />

vertueux, avoir <strong>des</strong> goûts et <strong>des</strong> passions, être susceptible d’illusions, car nous<br />

devons la plupart de nos plaisirs à l’illusion, et malheureux est celui qui la<br />

perd... Il f<strong>au</strong>t commencer par bien se dire à soi-même que nous n’avons rien à<br />

faire en ce monde qu’à nous y procurer <strong>des</strong> sensations et <strong>des</strong> sentiments<br />

agréables. » Quelquefois, plus obscure chez les uns, plus formellement<br />

déterminée chez les penseurs qui cherchaient la raison profonde d’une attitude<br />

si différente de celle de leurs aînés, l’idée d’une adhésion à l’ordre universel,<br />

qui voulait que les créatures fussent heureuses : <strong>au</strong>trement, pourquoi<br />

<strong>au</strong>raient-elles reçu la vie ?<br />

Des légions de mon<strong>des</strong> brillent dans les limites assignées ; et dans<br />

l’espace éthéré où <strong>des</strong> astres innombrables se meuvent dans leurs orbites, tout<br />

est assujetti à l’ordre.<br />

C’est pour l’ordre que tout ce qui existe a été formé ; il gouverne les doux<br />

zéphyrs et les vents orageux ; sa chaîne lie tous les êtres depuis l’insecte<br />

jusqu’à l’homme.<br />

Notre première loi est le bien de toute la création ; je serai heureux si je<br />

n’enfreins par <strong>au</strong>cune action coupable le bonheur universel, unique fin de<br />

mon existence 1 …<br />

Ainsi se manifestaient ouvertement <strong>des</strong> orientations nouvelles de la<br />

<strong>pensée</strong>.<br />

D’abord c’en était fait de la convoitise de l’absolu. Et encore voulait -on<br />

que cette renonciation fût paisible. On p.32 affectait de croire, on croyait<br />

presque que le calice n’était pas rempli de fiel, et que le fiel lui -même n’était<br />

pas amer. On plaçait « le système moral du monde à un point fort <strong>au</strong>-<strong>des</strong>sous<br />

de la perfection idéale (car nous sommes incapables de concevoir ce qu’il<br />

nous est impossible d’atteindre), mais cependant à un degré suffisant pour<br />

nous instituer un état heureux, tranquille, ou du moins supportable 2 ».<br />

Du coup, on ramenait le ciel sur la terre. Entre le ciel et la terre il ne<br />

pouvait même plus y avoir de différence d’espèce. A supposer qu’une <strong>au</strong>tre<br />

existence fût concevable, comment croire que, bienheureuse, elle dût être<br />

1 Zu, Lyrische Gedichte, 1749. Die Glückseligkeit. Traduction de Huber, Choix de poésies<br />

alleman<strong>des</strong>, 1766. Tome II, Ode de M. Utz, <strong>La</strong> Félicité.<br />

2 Bolingbroke, A Letter on the Spirit of Patriotism, 1737.

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