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La pensée européenne au XVIIIe siècle - Les Classiques des ...

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P<strong>au</strong>l Hazard — <strong>La</strong> <strong>pensée</strong> <strong>européenne</strong> <strong>au</strong> <strong>XVIIIe</strong> <strong>siècle</strong> 203<br />

s’était crue, un moment, dominatrice de l’Europe ? Où étaient les fêlures ? De<br />

quelles erreurs a profité l’action du temps ? Ne serait-ce pas d’une erreur<br />

initiale sur l’idée de nature, toujours invoquée, jamais définie, et se prê tant à<br />

tous les sens ?<br />

Le coeur n’avait plus de place, c’était chose entendue ; il ne battait plus<br />

qu’<strong>au</strong> ralenti, on avai t presque fait taire ce gêneur.<br />

1731 . Histoire du Chevalier <strong>des</strong> Grieux et de Manon <strong>Les</strong>c<strong>au</strong>t, par l’abbé<br />

Prévost.<br />

Un moine défroqué, qui s’est réfugié en Hollande, puis en Angleterre où il<br />

a eu maille à partir avec la justice, et où il a failli être pendu, a su prêter à ses<br />

héros <strong>des</strong> sentiments si forts et si tendres, a fait passer dans ses phrases une<br />

musique si troublante, qu’on ne peut s’empêcher de pleurer quand on lit son<br />

roman : la raison de Des Grieux se dissout par un sourire de Manon.<br />

p.277 1740. Pamela, or the Virtue rewarded.<br />

Un imprimeur de Londres, qui a d’abord eu l’ambition d’être <strong>au</strong>teur en<br />

publiant un recueil de lettres pour toutes les circonstances de la vie, prête à<br />

une jeune paysanne une plume infatigable ; Pamela décrit la longue<br />

persécution qu’un jeune lord a fait subir à sa vertu ; l’Angleterre sanglote ;<br />

bientôt les malheurs de Clarisse renchériront sur les infortunes de Pamela.<br />

1761. <strong>La</strong> Nouvelle Héloïse.<br />

« O Julie ! que c’est un fatal présent du ciel qu’une âme sensible ! » Un<br />

aventurier, un barbare venu de Suisse, un apprenti musicien qui n’a même pas<br />

pris la peine d’étudier les règles avant de se mettre à écrire ; un paradoxe<br />

vivant, qui prend le contre-pied de toutes les idées reçues, qui déclare que les<br />

lettres et les arts ont nui à l’humanité, qui proteste contre l’inégalité <strong>des</strong><br />

conditions sociales, magnifie et dignifie la passion. <strong>La</strong> passion ne sera plus<br />

une plante domestiquée, elle sera la puissance s<strong>au</strong>vage dont rien ne peut<br />

arrêter la croissance démesurée ; elle disloquera, elle minera l’édifice que<br />

l’intelligence avait conçu, et elle se plaira parmi ces ruines.<br />

1774. Die Leiden <strong>des</strong> jungen Werthers.<br />

« Je rentre en moi-même, et j’y trouve un monde ! Mais plutôt un monde<br />

de pressentiments et de débris obscurs que d’images nettes. » En créant<br />

Werther, le jeune Goethe propose un nouve<strong>au</strong> type humain ; chez Werther,<br />

l’amour ne fera que s’ajouter <strong>au</strong> trouble intolérable d’un individu qu’irritera la<br />

société, qu’exaspérera la vie, et qui voudra se fondre, <strong>au</strong> -delà du tombe<strong>au</strong>,<br />

dans l’âme d e l’univers.

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