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La pensée européenne au XVIIIe siècle - Les Classiques des ...

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P<strong>au</strong>l Hazard — <strong>La</strong> <strong>pensée</strong> <strong>européenne</strong> <strong>au</strong> <strong>XVIIIe</strong> <strong>siècle</strong> 222<br />

En même temps, <strong>des</strong> termites qui travaillaient. Des manuscrits clan<strong>des</strong>tins<br />

qui circulaient, sans permettre de le lire d’un bout à l’<strong>au</strong>tre, mais le résumant :<br />

nous savons <strong>au</strong>jourd’hui que sous <strong>des</strong> titres différents, n ombre de ces<br />

manuscrits servaient de véhicule à ses idées. De prétendues réfutations, qui<br />

sous couleur de le réduire à néant, trouvaient le moyen de le faire connaître.<br />

Réfutation <strong>des</strong> erreurs de Benoît de Spinoza, par M. de Fénelon, par le<br />

P. <strong>La</strong>mi, bénédictin, et par M. le comte de Boulainvilliers, Bruxelles, 1731 ;<br />

M. le comte de Boulainvilliers feignant de réfuter Spinoza, l’interprétait. Des<br />

enfants perdus, <strong>des</strong> révoltés, qui trouvaient en lui leur pâture. De petits<br />

groupes d’indépendants, ou pour mieux d ire d’actives cellules. De temps en<br />

temps, à grand scandale, un provocateur, que la société honnissait parce qu’il<br />

s’était fait gloire d’être le disciple avéré du m<strong>au</strong>dit, mais qui ne cédait pas.<br />

Vers le milieu du <strong>siècle</strong>, un changement. Au lieu d’une mêlée qui offrait<br />

ce caractère, que ni ceux qui l’attaquaient, ni l’extrême minorité qui le<br />

défendait, n’étaient capables d’estimer exactement la puissance de sa doctrine,<br />

une manière de curiosité inquiète, qui fait qu’on se rapproche de ses oeuvres<br />

pour en mieux connaître la substance. Des exégètes de la Bible, que les<br />

difficultés ne rebutent pas et qui ont l’habi tude d’exprimer le suc <strong>des</strong> textes<br />

qu’ils étudient, arrivent à l’ Éthique par la voie du Tractatus, et les deux livres<br />

deviennent l’objet de leurs médi tations. Ils cessent de considérer Spinoza<br />

comme un athée, et le voient tel qu’il est, panthéiste. p.302 Dans une<br />

atmosphère qui devient révolutionnaire, son ferment reprend force, et agit.<br />

Il agit ; il se glisse dans la <strong>pensée</strong> <strong>des</strong> Aufklärer, exégètes, publicistes,<br />

philosophes ; il s’intègre dans l’explication de l’univers que finira par donner<br />

le plus grand de tous, <strong>Les</strong>sing. Rarement on a vu, dans l’histoire <strong>des</strong> idées,<br />

une telle résurrection.<br />

Nature n’égale pas raison. C’est ce que nous disent, <strong>au</strong>jour d’ hui, les<br />

penseurs et les savants ; et, entre <strong>au</strong>tres, un illustre biologiste, Charles Nicolle.<br />

« <strong>La</strong> nature n’est ni belle, ni bonne. Elle ne connaît pas l’illogisme, pas la<br />

raison. Elle est. » Parmi les faiblesses de la raison, « la plus répandue est<br />

d’attr ibuer sa propre qualité d’élément rationnel <strong>au</strong>x phénomènes qu’elle<br />

étudie ». Nous avons dépassé l’action malhabile d’une obser vation<br />

superficielle et d’une folle imagination ; puis nous avons appliqué à toutes<br />

choses cette raison : follement ; car nous avons prêté <strong>au</strong> réel <strong>des</strong> lois qui<br />

n’étaient que celles de notre esprit. « <strong>La</strong> rectitude du lien est une création de<br />

notre esprit, une nécessité où celui-ci se trouve de se représenter les faits sous<br />

une forme rationnelle. L’esprit humain f<strong>au</strong>sse les phénomènes en les<br />

soumettant à la logique. » — « Pareil à l’homme <strong>des</strong> premiers âges qui<br />

projetait son âme grossière dans les objets et les êtres d’alentour, les<br />

philosophes ont mis, dans ce dernier débris <strong>des</strong> images divines surannées, la

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