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La pensée européenne au XVIIIe siècle - Les Classiques des ...

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P<strong>au</strong>l Hazard — <strong>La</strong> <strong>pensée</strong> <strong>européenne</strong> <strong>au</strong> <strong>XVIIIe</strong> <strong>siècle</strong> 46<br />

CHAPITRE V<br />

Contre la religion révélée<br />

p.65 Elle était l’ennemie. <strong>Les</strong> philosophes n’<strong>au</strong>raient rien fait, <strong>au</strong>ssi<br />

longtemps qu’ils n’<strong>au</strong>raient pas prouvé <strong>au</strong>x fidèles qu’elle n’avait pu se<br />

manifester, en droit ; et qu’elle ne s’était pas manifestée, en fait ; <strong>au</strong>ssi<br />

longtemps qu’ils n’<strong>au</strong>raient pas établi que logiquement, elle ne supportait pas<br />

l’examen ; et qu’historiquement, les témoignages sur lesquels elle s’appuyait<br />

ne méritaient nul crédit.<br />

<strong>La</strong> révélation appartient à l’ordre du miracle, et la raison n’admet pas de<br />

miracles. <strong>La</strong> révélation appartient à l’ordre du surnaturel, et la raison n’admet<br />

que les vérités naturelles. Dès que la raison examine la révélation, elle y<br />

trouve du contradictoire, et par conséquent du f<strong>au</strong>x. Ce qu’il y a de<br />

proprement religieux dans la religion, n’est que superstition ; et, par conséquent,<br />

il f<strong>au</strong>t que la raison s’attaque à cette superstition vivace et la détruise. Il<br />

n’est de croyance que rationnelle ; <strong>au</strong> rationnel, le divin lui-même doit se<br />

réduire. Tels les propos qui furent alors communément tenus par les chefs du<br />

choeur dans toutes les langues. Sur la carte de l’Europe, on distingue aisément<br />

les princip<strong>au</strong>x centres d’où ils partirent ; les voici.<br />

Be<strong>au</strong>coup de bruit ; <strong>des</strong> scandales successifs, dont chacun semblait si fort<br />

que l’éclat n’en pouvait être dépassé, et il était dépassé pourtant ; une série<br />

d’oeuvres provocatrices, qui <strong>au</strong>raient manqué leur effet si elles n’avaient pas<br />

soulevé, chaque fois, indignation, clameurs ; une chaîne d’individus qui<br />

venaient de points très différents, pour se relayer dans une même oeuvre de<br />

bravade : tel fut le spectacle qu’offrit l’Angle terre, d’où l’exemple depuis<br />

longtemps était parti.<br />

En 1715, ni Toland, l’<strong>au</strong>teur du Na zarenus, ni Collins, p.66 le Free Thinker,<br />

n’avaient fini leur carrière. Mais sans attendre, d’<strong>au</strong>tres « ébranlaient les<br />

colonnes de la prêtrise et de l’ortho doxie ». D’abord Thomas Gordon ; ensuite<br />

Wolston, Wolstoni furor : un homme d’étu<strong>des</strong>, celui -ci, qui avait pris ses titres<br />

à Cambridge, était entré dans les ordres, et qui, brillant et disert, avait devant<br />

lui la perspective d’une belle carrière ; mais il s’était jeté à corps perdu dans<br />

l’hétérodoxie. Puis Middleton, éduqué à Cambridge lui <strong>au</strong>ssi, devenu docteur<br />

en théologie et bibliothécaire de l’Université. Puis Tindall, qui sortait<br />

d’Oxford ; converti <strong>au</strong> catholicisme, revenu <strong>au</strong> protestantisme, et passé du<br />

protestantisme <strong>au</strong> déisme militant. Surgissait en même temps un petit homme<br />

gros et court, mal élevé, en difficulté avec l’orthographe, fabricant de<br />

chandelles, après avoir été ouvrier gantier, Thomas Chubb. Puis Thomas<br />

Morgan le Philalèthe. Puis Peter Annet : un maître d’école écrivant pour la<br />

populace... Courts pamphlets, brochures, savants ouvrages, ils couvraient le

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