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La pensée européenne au XVIIIe siècle - Les Classiques des ...

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P<strong>au</strong>l Hazard — <strong>La</strong> <strong>pensée</strong> <strong>européenne</strong> <strong>au</strong> <strong>XVIIIe</strong> <strong>siècle</strong> 123<br />

le plus grand profit de l’Europe où il se répand, en effet, de proche en<br />

proche 1. Sagesse pratique ; pour commencer, exacte connaissance de la<br />

nature de l’homme et mesure de ses pouvoirs ; en conséquence, recherche <strong>des</strong><br />

vertus personnelles qui peuvent donner le vrai bonheur, recherche <strong>des</strong> vertus<br />

sociales qui tendent <strong>au</strong> même but. Par une merveilleuse coïncidence, et s<strong>au</strong>f<br />

une certaine chaleur orientale dans le tour <strong>des</strong> phrases, les conseils que<br />

donnaient les Gymnosophistes ou Bramins, bien avant que le christianisme<br />

n’apparût sur la terre, ressemblent à ceux <strong>des</strong> philosophes du XVII I e <strong>siècle</strong>,<br />

trait pour trait.<br />

p.170 Des catéchismes ; pourquoi n’écrirait -on pas <strong>des</strong> catéchismes<br />

philosophiques, afin d’atteindre les enfants même ? Il n’est pas m<strong>au</strong>vais<br />

d’imiter la tactique de l’ennemi ; et qui ne conquiert pas la génération qui<br />

s’apprête, ne conquiert rien. On vit donc paraître de petits catéchismes, fondés<br />

sur l’Expérience et sur la Raison, non plus sur la Foi. D’Alembert en<br />

souhaitait un, qui eût enseigné <strong>au</strong> jeune âge les principes de sa philosophie.<br />

Grimm ne se contentait pas toujours de donner à ses clients princiers <strong>des</strong><br />

nouvelles de la République <strong>des</strong> Lettres ; il avait quelquefois <strong>des</strong> idées et il se<br />

plaisait à les développer dans sa Correspondance littéraire, les abandonnant,<br />

puis les reprenant pour les caresser. Il réfléchissait : l’homme se distingue <strong>des</strong><br />

anim<strong>au</strong>x par sa perfectibilité : les chev<strong>au</strong>x et les ours ne valent ni plus ni<br />

moins qu’ils ne valaient il y a trois mille ans. Pour tant ce même homme<br />

n’avance guère sur la route du progrès, parce que bien <strong>des</strong> fois il se laisse<br />

entraîner loin de la nature ; quand il revient à elle, c’est après de fâcheuses<br />

expériences, le meilleur de ses forces étant perdu. On voit bien d’où viennent<br />

ses erreurs : et par exemple, il est absolument contraire à la droite raison<br />

d’apprendre <strong>au</strong>x enfants les premiers principes de la religion chrétienne : il est<br />

certain que c’est dans cet usage universellement établi sur la terre qu’il f<strong>au</strong>t<br />

chercher la source de l’em pire que les opinions les plus absur<strong>des</strong> et souvent<br />

les plus dangereuses prennent sur l’esprit humain. Des nations entières se<br />

familiarisent ainsi avec <strong>des</strong> sottises. Le catéchisme de l’humanité et celui de la<br />

société devraient précéder celui de la religion, car enfin il f<strong>au</strong>t être homme, et<br />

ensuite citoyen, avant que d’être chrétien. Le premier de ces catéchismes<br />

apprendrait à la jeunesse les droits et les devoirs de l’humanité, le second<br />

ferait connaître à nos enfants les droits et les devoirs de la société et les lois du<br />

gouvernement <strong>des</strong> pays où ils sont nés. Montesquieu <strong>au</strong>rait été digne de faire<br />

le second, Socrate n’<strong>au</strong>rait pas été trop bon pour faire le premier. Ce qu’ayant<br />

dit, Grimm tente personnellement l’aventure ; quinze courts paragraphes lui<br />

paraissent suffisants pour son Essai d’un catéchisme pour les enfants. (1755).<br />

1 Dodsley, The OEconomy of buman life, translated from an Indian manuscript, written by an<br />

ancient Bramin, Dublin, 1741.

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