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La pensée européenne au XVIIIe siècle - Les Classiques des ...

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P<strong>au</strong>l Hazard — <strong>La</strong> <strong>pensée</strong> <strong>européenne</strong> <strong>au</strong> <strong>XVIIIe</strong> <strong>siècle</strong> 147<br />

CHAPITRE VII<br />

L’Encyclopédie.<br />

p.200 Un critique écrivait jadis que l’ Encyclopédie avait été la grande affaire<br />

du temps, le but où tendait tout ce qui l’avait précédée, le vrai centre d’une<br />

histoire <strong>des</strong> idées <strong>au</strong> <strong>XVIIIe</strong> <strong>siècle</strong>. Du point de vue européen, cette<br />

affirmation est excessive, mais il est certain que née d’un modèle anglais,<br />

ayant reçu à Paris sa forme définitive, invitée à émigrer en Suisse, en Prusse,<br />

rayonnant sur les pays les plus divers, reproduite et imitée, l’ Encyclopédie est<br />

une <strong>des</strong> forces représentatives de l’Europe.<br />

Science et vulgarisation, voilà ce qu’elle veut être à la fois, et voilà ce que<br />

nous n’admettons plus <strong>au</strong>jourd’hui. Elle repré sente donc d’abord le<br />

mouvement de diffusion qui est conforme à la volonté de l’époque <strong>des</strong><br />

lumières. De même que celle-ci, en matière de <strong>pensée</strong>, ne craint pas d’associer<br />

la notion de philosophie à la notion de peuple — la Populärphilosophie — , de<br />

même en matière de connaissance, loin d’écarter les profanes, elle les appelle.<br />

Le réservé, le difficile, le secret, ne sont pas de son goût ; et cette route encore<br />

conduit de l’aristocratie <strong>des</strong> esprits à la bourgeoisie éclairée qui, plutôt que de<br />

vouloir pénétrer le secret <strong>des</strong> choses, s’empare du monde. « L’oeuvre<br />

encyclopédique est la prise de possession par les philosophes du XVIII e <strong>siècle</strong><br />

d’un monde qui e n lui-même restera inconnu, et qu’ils acceptent comme tel,<br />

renonçant à saisir sa réalité profonde. Ils se borneront sagement à amasser <strong>des</strong><br />

faits, pour les ranger ensuite dans un ordre encyclopédique.<br />

« Et une fois qu’ils <strong>au</strong>ront ordonné ce dont ils se so nt saisis, ils verront<br />

l’univers <strong>des</strong> objets se transformer en quelque chose de connu, en un<br />

ensemble de données scientifiques, de faits dûment constatés, en quelque<br />

chose que l’homme tient et qui est à lui 1... »<br />

« On aime à être savant, mais on cherche à le devenir à peu de frais : tel<br />

est particulièrement le génie de notre <strong>siècle</strong> », remarquait un <strong>des</strong> rédacteurs<br />

<strong>des</strong> Mémoires de Trévoux, <strong>au</strong> mois d’août 1775. L’observation était juste.<br />

Voulait-on « apprendre la géométrie sans se donner be<strong>au</strong>coup de peine ? » les<br />

sciences en peu de temps, sans le secours d’<strong>au</strong>cun maître ? le latin en se<br />

divertissant ? la grammaire avec rapidité et d’une façon agréable ? Chaque<br />

fois on était servi, et un livre nouvellement paru faisait ces propositions<br />

alléchantes. Mathematics made easy ; Système nouve<strong>au</strong>, par lequel on peut<br />

devenir savant sans maître, sans étude, et sans peine... L’intention ne variait<br />

1 B. Groethuysen, L’Encyclopédie. Dans le Table<strong>au</strong> de la Littérature française, XVIIe et<br />

<strong>XVIIIe</strong> <strong>siècle</strong>s, 1939.

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