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La pensée européenne au XVIIIe siècle - Les Classiques des ...

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P<strong>au</strong>l Hazard — <strong>La</strong> <strong>pensée</strong> <strong>européenne</strong> <strong>au</strong> <strong>XVIIIe</strong> <strong>siècle</strong> 64<br />

Il disait que le plus h<strong>au</strong>t degré de la vérité est assurément l’évidence<br />

démonstrative ; mais que dans notre vie quotidienne, ce n’était pas à elle que<br />

nous avions recours, et que nous devions nous contenter de l’évidence<br />

probable : laquelle, par une série de degrés, allait de la présomption légère à la<br />

plus forte certitude morale. On peut supposer qu’il y <strong>au</strong>ra du brouillard en<br />

Angleterre tel jour précis du mois de janvier ; il est plus probable qu’il y en<br />

<strong>au</strong>ra pendant un jour quelconque du même mois ; il est moralement certain<br />

qu’il y en <strong>au</strong>ra <strong>au</strong> cours de l’hiver. L’homme qui observe le flux et le reflux<br />

de la mer, et qui affirme que le même phénomène se reproduira, p.90 n’émet<br />

qu’une hypothèse ; mais comme le flux et le reflux se sont produits pendant<br />

<strong>des</strong> jours, <strong>des</strong> semaines, <strong>des</strong> mois, <strong>des</strong> années, <strong>des</strong> <strong>siècle</strong>s, nous pouvons dire<br />

avec assurance qu’ils se produiront demain. Ce raison nement, qui ne v<strong>au</strong>drait<br />

pas pour une intelligence parfaite, capable de connaître l’ensemble <strong>des</strong> c<strong>au</strong>ses<br />

et <strong>des</strong> effets, v<strong>au</strong>t du moins pour nos intelligences bornées. En fait, l’analogie<br />

détermine notre jugement et dirige nos actes, comme le prouve l’expérien ce.<br />

Elle assure, de même, la légitimité de la religion naturelle. Le passage<br />

d’un état connu à un état inconnu, voilà, réduite à son dernier terme, la<br />

croyance à l’immortalité de l’âme. Or cette idée de passage n’est -elle pas<br />

conforme <strong>au</strong>x opérations de la nature, telles qu’elles se produisent devant<br />

nous ? De même que <strong>des</strong> chrysali<strong>des</strong> se changent en papillons, que <strong>des</strong> êtres<br />

rampants deviennent <strong>des</strong> êtres ailés, que <strong>des</strong> vers percent leur cocon, que <strong>des</strong><br />

oiselets brisent la coquille de l’oeuf, pour subir les tra nsformations les plus<br />

étonnantes ; de même et par analogie, il est probable qu’après notre mort<br />

charnelle nous entrerons dans une nouvelle vie. <strong>La</strong> religion nous fait craindre<br />

<strong>des</strong> peines qui seront la punition <strong>des</strong> crimes, espérer <strong>des</strong> joies qui seront la<br />

récompense <strong>des</strong> vertus : eh bien ! de même que notre intempérance, dans un<br />

délai donné, nous fait passer d’une santé florissante à une santé misérable, et<br />

que notre bonne conduite finit par nous procurer force et vaillance : de même,<br />

il est possible, il est probable, il est moralement certain, que nos offenses<br />

envers le Créateur se traduiront en peines, que notre observation de la loi<br />

morale se traduira en joies.<br />

Quant à la religion révélée — qui ne diffère de la religion naturelle que<br />

parce qu’elle satisfait u n besoin de précision qui est en nous — la pierre<br />

d’achoppement à laquelle se heurtent les incrédules est la médiation du Christ.<br />

<strong>La</strong> médiation — n’est -ce pas encore un <strong>des</strong> faits qui président à notre vie, et<br />

que nous acceptons avec reconnaissance ? Toutes les créatures naissent par<br />

l’intermédiaire d’<strong>au</strong>tres créatures, et sont par elles nourries, défendues,<br />

protégées ; toutes les satisfactions nous sont par d’<strong>au</strong>tres procurées. Donc, la<br />

venue d’un médiateur entre Dieu et l’homme, la venue du Christ qui s’est<br />

incarné pour nous laver de notre souillure, par analogie doit s’attendre et se<br />

croire.<br />

p.91 Voix persuasive, qui plut <strong>au</strong>x croyants parce qu’elle leur faisait<br />

entendre qu’ils n’étaient pas <strong>des</strong> attardés et qu’ils pouvaient prétendre, eux<br />

<strong>au</strong>ssi, <strong>au</strong> nom toujours souhaité de modernes. Voix qui surprit les incrédules,

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