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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

Nous ne sommes pas contre l’art abstrait, mais nous ne sommes pas contre une tendance<br />

quelconque de l’art, pourvu qu’elle apporte quelque chose de réellement authentique et<br />

nouveau et contribue au progrès de la vision de l’homme.<br />

Evidemment la vitalité d’un art n’a rien à faire avec la disparition de son inventeur : on a vu<br />

revivre Cézanne tout le long de l’époque cubiste ; on retrouve les survivances de tous les<br />

grands artistes français depuis les primitifs jusqu’aux impressionnistes dans l’art courant de<br />

nos jours.<br />

Or, ce n’est pas le cas de l’art abstrait. Cet art qui fut la conclusion, le point final de toute une<br />

révolution plastique qui consistait à abolir la réalité et à transformer le tableau en un jeu de<br />

formes et de couleurs ne représentant plus rien, a atteint le dernier degré de simplicité et<br />

d’intensité. Comment peut-on dépasser, en effet, les rapports presque mathématiques des deux<br />

carrés rouge et bleu de Mondrian, cette inégalable féerie solaire de R. Delaunay et cette<br />

musique murale de <strong>Kandinsky</strong> ? Et surtout pourquoi ? Le règne de la forme pure est dépassé.<br />

Le no man’s land esthétique n’est plus de mise.<br />

Il était possible, il était naturel presque, à une époque où l’artiste fuyant le désordre d’un<br />

monde en proie aux secousses apocalyptiques s’enfermait dans son laboratoire et élaborait<br />

patiemment les éléments d’un langage plastique purifié et nouveau pouvant servir d’assises à<br />

un monde à venir.<br />

Aujourd’hui ce monde est en marche, et l’artiste n’a plus le droit de lui tourner le dos. C’est<br />

pourquoi les jeunes artistes – la véritable jeunesse, qui porte en elle tous les espoirs de ces<br />

« lendemains qui chantent » – se sert parfois des conquêtes purement techniques de l’art<br />

abstrait, mais ne le pratique plus. Adieu, donc, l’art abstrait, adieu ces yeux aveugles et<br />

inhumains qui bâtissaient dans le vide, Adieu, adieu ces yeux qui furent quand même les<br />

phares braqués sur l’autre rive du temps, comme je l’ai déjà dit et écrit, il y a près de dix<br />

ans…<br />

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