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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

Et pourtant… Tout récemment, un quidam de Beaubourg, visiblement au courant de cette<br />

conférence, a profité d’un vernissage pour me prendre à part et me lancer, à brûle-pourpoint, à<br />

la manière de certains boxeurs qui foncent violemment dès le premier coup de gong sur leur<br />

adversaire, afin de le mettre définitivement à sa merci, par surprise.<br />

Quand et pourquoi avez-vous tourné casaque, Jakovsky ? Vous qui étiez tout de même le<br />

premier à écrire sur Calder, Gonzalez, <strong>Kandinsky</strong>… Un air suffisant avec ça, l’air d’avoir<br />

réussi à me poser une bonne colle ! N’avez-vous pas écrit que la civilisation qui perd son<br />

reflet dans le miroir de la peinture doit disparaître ? (La phrase que les abstraits ne m’ont<br />

jamais pardonnée).<br />

Que si, que si, et quoi que vous en pensiez, je ne la renie pas, au contraire, je m’en flatte ! Il<br />

faut croire que j’étais drôlement précoce ; cela a paru en 1934 dans Activités encore une revue<br />

à vie brève, revue payée par une américaine qui ne savait pas quoi faire de ses dollars, où je<br />

voisinais avec l’inévitable Philippe Soupault et Drieu La Rochelle. Quant à ma casaque,<br />

première nouvelle. Je n’ai jamais tourné ni retourné quoi que ce soit. Mes articles d’il y a<br />

quarante ans, je les signerai encore aujourd’hui très volontiers. Je continue à aimer les bons,<br />

les vrais, les grands peintres abstraits. Que j’aime aussi les Naïfs ? Quel rapport ? Picasso<br />

aimait lui aussi le Douanier. Et Delaunay, et <strong>Kandinsky</strong>, et Soffici, et Morandi. Ils ne sont pas<br />

traîtres pour ça, autant que je sache.<br />

Si je ne suis plus d’accord, c’est là où le bât vous blesse, avec votre camelote avariée,<br />

périmée, un art non-art devenu artifice, que vous débitez sous cellophane, sortie des frigos de<br />

votre « grande surface » de Beaubourg, c’est justement au nom et en l’honneur de ces<br />

peintres-là que je le fais. Je ne leur conteste pas leur légitimité.<br />

Pas même le sens de leur démarche. Je les mets à leur place. Dans le temps. Dans l’Histoire.<br />

Dans leur milieu. Mais que l’internationale des pompiers et les marchands du temple en<br />

abusent, ça, c’est une autre histoire avec un tout petit h, comme de bien entendu.<br />

Que les artistes veuillent s’amuser, je ne suis pas contre. Je suis plutôt contre, pour ne rien<br />

vous cacher. Je ne suis pas plus qu’un autre allergique aux instincts ludiques, mais à condition<br />

qu’on appelle un chat un chat et les machins rigolos de Tinguely d’un autre nom que<br />

sculptures. Vous désacralisez l’art, en n’oubliant qu’on ne joue pas avec Guernica ou la<br />

Venus de Milo, comme j’ai vu jouer les gosses à saute-mouton et faire des pâtés de sable dans<br />

les salles où étaient accrochés les Impressionnistes du musée-pilote de Lausanne. J’accuse, je<br />

dénonce la maldonne, la tricherie de votre Beaubourg.<br />

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