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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

pensants pour la presse catholique, et pas un traître mot ni sur l’abstraction, ni sur son ami<br />

Mondrian. Alors cherchez… Cherchez bien et trouvez-moi ne serait-ce qu’un seul nom à<br />

défendre les abstraits dans ces années cruciales d’entre les deux guerres, votre serviteur mis à<br />

part !<br />

Une question se pose, évidemment, et elle est de taille. Pour quelle raison le choix de Sonia<br />

s’est- il porté précisément sur Seuphor, dont le passé se résumait par la fondation en 1921<br />

d’une revue Het Overzicht (Le Panorama) à tendance vaguement dadaïsante, où la publication<br />

d’un ticket de Métro en tant qu’œuvre d’art passait pour une grande audace, mais qui ne<br />

dépassait tout de même pas l’aire linguistique néerlandaise. Mais tout bonnement parce qu’il<br />

lui fallait quelqu’un de neutre, de neuf, de malléable, nullement au courant de ce qui s’est<br />

passé réellement pendant son absence, pendant cette longue et laborieuse gestation de l’idée<br />

abstraite. De plus, elle s’est souvenue que l’un des numéros de sa revue parut en 1923 avec<br />

une couverture dessinée par Robert Delaunay. Là, sa prodigieuse mémoire à éclipse ne lui a<br />

pas fait défaut, cette fois.<br />

En vérité, Sonia ne fréquentait pas le « milieu » de l’Abstraction–Création et n’assistait que<br />

rarement à leurs réunions. Elle préférait garder ses distances vis-à-vis de tous ces inconnus-là.<br />

Qui a jamais entendu parler d’un Calder, un jovial montreur de son « Cirque » en fil de fer,<br />

d’un Fontana, d’un Fernandez, d’un Magnelli, d’un Gonzalez, d’un Max Bill ? On ne mélange<br />

tout de même pas les serviettes avec les torchons, non ?<br />

Ses préférences allaient, ou vers les artistes de renom, ses pairs, Lhote, Léger et Chagall,<br />

quoique ils n’étaient abstraits ni de loin ni de près, ou bien vers ses compatriotes tels que<br />

Poliakoff, Rossié-Baranoff et Mansouroff, ses fidèles esclaves, les nègres entièrement à sa<br />

dévotion, prêts à lui rendre incontinent toutes sortes de services, en partie en raison de la<br />

dèche noire dans laquelle ils se trouvaient tous pour le moment. Ses amours allant nettement<br />

vers les « arrivés », vers les nantis, Albert Gleizes, entre autres, peintre-penseur-écrivain,<br />

gentleman-farmer fort aisé. Même les vétérans de la classe de Kupka et de Jacques Villon, en<br />

perte de vitesse, ne l’intéressaient plus du tout. Fauchés pour fauchés, elle s’entendait mieux<br />

avec eux, parlant leur langue, la seule qu’ils connaissaient malgré les nombreuses années de<br />

leur séjour en France.<br />

Peintre médiocre, écrivain filandreux, mais possédant des propriétés foncières dans le midi,<br />

Gleizes était arrivé toutefois à cette fortune non pas par ses divers talents, mais uniquement<br />

grâce à la dot de sa femme Juliette, une pimbêche prétentieuse, vaporeuse, vaniteuse, habillée<br />

en dépit de la mode à la façon des personnages féminins des tableaux de Vuillard. Seuphor a<br />

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