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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

A ce propos il est important de noter que même le premier article d’Apollinaire consacré à<br />

Rousseau, avant qu’il ne devienne son chantre et son « manager » sans égal, était un<br />

éreintement en bonne et due forme. Est-ce à cause de Jarry, « pays », protecteur et ami de<br />

Rousseau, originaire comme lui de Laval, qu’Apollinaire et ses proches tenaient plutôt pour<br />

un farceur, que le brave douanier s’identifia peu à peu, par ricochet, au Père Ubu de la<br />

palette ? On ne sait. Las, cette casserole accrochée à ses basques l’avait accompagnée jusqu’à<br />

son dernier soupir…<br />

Apollinaire, nonobstant, plus peintre et plus visionnaire que critique d’art, davantage<br />

découvreur et prospecteur des visions nouvelles qu’analyste sec et théoricien fumeux, va vite<br />

oublier cette bévue, Dieu merci, en mettant incontinent tout son génie, en prose et en vers, au<br />

service de Rousseau. Une volte-face incompréhensible ? Si. Si. Ses yeux se sont ouverts sans<br />

aucun doute tout comme ceux de Marcel Proust, grâce à la sienne de « Madeleine », qui fut de<br />

tout temps la Côte d’Azur, Nice et ses environs, son enfance et son adolescence nourries des<br />

sentiments, des sensations et des images engrangés là-bas, et ceci explique cela, et bien<br />

d’autres choses encore. Il suffit de relire ces quelques lignes extraites de son conte « Les<br />

Pèlerins Piémontais » pour se rendre à l’évidence que son amour fervent pour Rousseau<br />

n’était pas feint, comme il n’avait rien de fortuit, non plus, mais plutôt programmé dès sa fleur<br />

de l’âge par le destin.<br />

« La gaucherie, émerveillée et minutieuse de l’art primitif qui règne ici a de quoi toucher ceux<br />

même qui n’ont pas la foi. Il y a là des tableaux de tous genres, le portrait seul n’y a point de<br />

place. Tous les envois sont exposés à perpétuité. Il suffit que la peinture commémore un<br />

miracle dû à l’intervention de Notre-Dame-de-Laghet.<br />

« Tous les accidents possibles, les maladies fatales, les douleurs profondes, toutes les misères<br />

humaines y sont dépeintes naïvement, dévotement, ingénument…<br />

« La mer déchaînée ballotte une pauvre coque démâtée sur laquelle est agenouillé un homme<br />

plus grand que le vaisseau. Tout semble perdu, mais la Vierge de Laghet veille dans un nimbe<br />

de clarté, au coin du tableau. Le dévot fut sauvé. Une inscription italienne l’atteste. C’était en<br />

1811… “Une voiture emportée par des chevaux indociles roule dans le précipice. Les<br />

voyageurs périront, fracassés, sur les rochers. Marie veille au coin du tableau, dans le nimbe<br />

lumineux. Elle mit des broussailles aux flancs du précipice. Les voyageurs s’y accrochèrent<br />

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