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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

des langages immémoriaux remontant à l’origine des hommes. Afin que ce qui n’était jusqu’à<br />

présent qu’un simple jeu esthétique et formel devienne petit à petit une espèce de consultation<br />

des oracles.<br />

Aussi, la tentative de Marcel Duchamp de vouloir promouvoir à la dignité esthétique<br />

les objets fabriqués en série et canoniser, par conséquent, les objets neufs, s’est avérée<br />

infructueuse et combien éphémère. Non, l’objet ne devient beau et ne commence à chanter<br />

qu’une fois brisé, mutilé, usé ; quelque chose qui a servi, mais a cessé d’être utile. On<br />

préfèrera toujours un clou rouillé à un clou flambant neuf, sortant de chez le quincaillier. On<br />

choisira de préférence tout ce qui est ingrat, banal ou vulgaire. Pis encore, le laid. Le laid, ou<br />

considéré comme tel jusqu’ici. Les épaves…<br />

Exemples : la vieille ferraille, les débris de vaisselle, les ficelles, les cailloux,<br />

etcoetera, etcoetera… Pauvres READY-MADE !...<br />

Quoique là, attention ! Tabou. Dès qu’on s’attaque à M. Duchamp, on se heurte<br />

aussitôt à une conspiration quelconque du silence… C’est comme ça ! Pour peu, la<br />

photographie de la Joconde, ornée par lui d’une belle paire de moustaches, acquiert presque la<br />

même valeur que l’original, qui se morfond, en attendant, au Louvre. Faut-il brûler le Louvre,<br />

alors ? Ainsi finit une autre Belle Époque et les folles gaietés de notre Avant-Guerre…<br />

Enfin l’Art Brut vint, son pape Dubuffet et le « petit » Chaissac avec. Je ne sais pas<br />

d’ailleurs pourquoi il s’est affublé lui-même de cet adjectif lors de sa première importante<br />

exposition parisienne à la galerie Arc-en-ciel en 1947, puisque dès ses débuts il s’est révélé<br />

comme l’un des plus prolifiques, des plus inventifs, des plus visionnaires et originaux parmi<br />

les artistes qui se sont fait enrôler un peu plus tard sous cette étiquette. Est-ce à cause des<br />

graffitis et des taches d’encre qui ornaient son catalogue et qui faisaient penser vaguement<br />

aux gribouillages d’enfants ? Est-ce par une excessive modestie ? Mais passons…<br />

Certes, il y a eu déjà quelque illustres précurseurs, quelques titans oubliés, hélas ! de<br />

cet art éphémère et fantastique et qui, somme toute, n’ont fait que déclencher, en état de<br />

veille, les torrents de leurs rêves, si grandioses et si impétueux que leurs vies entières<br />

suffisaient à peine pour les achever. Au fait, qu’est-ce qu’est tout l’Art Brut d’aujourd’hui à<br />

côté des Rochers Sculptés de Rotheneuf, par exemple, l’œuvre inachevée, après trente ans de<br />

dur labeur de l’abbé Fouré, mort en 1910 ? Et le « Palais Idéal » du Facteur Cheval, à<br />

Hauterives (Drôme) ? Et le « Jardin des Surprises » de Camille Renault, à Attigny ? Et les<br />

Chutes du Niagara, de Clifton’s, en ciment armé et presque grandeur nature, quelque part aux<br />

Etats-Unis ?<br />

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