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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

Je suis ébloui. On peut prendre des instantanés de tous les coins de mon âme. Je vous<br />

promets de changer leurs papiers peints décollés et fanés et je mettrai partout des fleurs et des<br />

paratonnerres.<br />

J’accrocherai aussi sur un mur de mon âme, sur la mémoire en fleurs de ce mur, une<br />

eau-forte de vous, Séligmann – image oxygénée, qu’on peut donner à respirer aux mourants.<br />

Fermez-moi les yeux, s’il vous plait, je veux voir le monde à travers les lignes de votre main<br />

gauche, gantée d’inquiétude.<br />

Lui : C’est le Grand Flibustier. Il vient de quitter ses trois-mâts vaincus. Leurs<br />

brigantines s’agitent sur l’horizon, comme les mouchoirs d’adieu. Il traverse l’océan avec sa<br />

jambe de bois et les poches pleines de lingots d’or.<br />

Moi : C’est un homme-prothèse, il n’a qu’un seul organe vivant – l’âme.<br />

Lui : Vous voyez les cacatois, les perroquets, les perroquets de misaine, la misaine, le<br />

hunier grand et petit, la perruche ? Fossiles, - les voiles imaginaires de l’enfance lointaine, les<br />

objets romantiques et beaux, comme l’industrie de bois ornée de fleurs – fin-de-siècle.<br />

Moi : Ce sont les bateaux en bouteilles. C’est la beauté en bouteille. Beauté<br />

incommensurable, qu’on ne peut pas toucher. Elle est cachée ; Il faut briser la bouteille pour<br />

en sauver la vie. Il faut déchirer vos gravures pour faire sortir les légendes et les croyances. Il<br />

faut - - -<br />

Nous sommes au Zénith du mystère. Les nuages galvaniques s’accouplent avec la terre<br />

prolongée jusqu’à l’enfer. Les nuages lourds sillonnent la terre qui sue, ils enlèvent<br />

l’atmosphère et l’obscurité, laissant les vides sans vies et sans ombres. Parfois dans leurs<br />

ruptures apparaît le disque inconnu de l’autre côté de la lune. Tout s’agite, tout hurle, tout<br />

tremble et s’adonne, poussé par quatre vents, par les quatre souffles des sorcières, assises sur<br />

quatre coins du monde. Elles gonflent leurs joues poilues et les vents s’entrecroisent, enlevant<br />

les feuilles et les habits.<br />

On ne voit que des sexes. Ils ont des yeux aux regards magnétiques. Ils clignotent et<br />

les victimes tombent épuisées, comme les feuilles carbonisées par les vapeurs de soufre. Les<br />

vapeurs épaisses, qui sortent d’une cornue archaïque, placée sur un trépied de fer au-dessus<br />

d’un feu pétrifié, gravé au burin sur l’air du premier plan de cette nuit de Walpurgis. On peut<br />

distinguer les mots de la pancarte invisible :<br />

DANGER ! HAUT MYSTERE !<br />

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