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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

par eux. On s’en tient d’ordinaire à la reproduction qu’en donnent les classiques, les peintres<br />

du XVII e , Poussin. L’image qu’ils donnent est acceptée comme étant la véritable nature parce<br />

que leur syntaxe est bien établie. Mais nous n’avons aucune preuve que cette image de la<br />

couleur soit plus vraie que d’autres images faites à d’autres époques. À vrai dire, il ne s’agit<br />

que de signes. On a convenu que tel signe représente un arbre, tel autre, une maison, un<br />

homme, une femme ; tout comme dans le langage, le mot "homme" évoque dans notre esprit<br />

l’image d’un homme, le mot maison, une maison, et cela dans toutes les langues bien que,<br />

dans chaque langue, le mot varie. C’est une convention établie, on communique par l’usage<br />

de ces signes… »<br />

Mais Lhote a-t-il jamais fait et dit autre chose ?<br />

Cézanne a percé les secrets de l’espace construit, perdus depuis les classiques ; il a<br />

retrouvé aussi la véritable lumière picturale. Toutefois, lorsqu’il veut les accorder dans un<br />

même tableau, le nu ou la nature-morte se dissolvent dans le paysage ; l’atmosphère ronge le<br />

signe pur.<br />

La diversité plastique du tableau classique lui échappe en partie et cette unité dans la<br />

variété que traduisaient avec une inimitable aisance et Poussin et les primitifs, quoique sur un<br />

autre plan, et même Seurat dans sa « Grande Jatte ».<br />

Cézanne est monumental par l’architecture interne de ses compositions, par l’évidence<br />

de ses tracés constructifs, mais il semble aux yeux du moderne qu’il ne l’est pas assez par la<br />

forme même des objets. Son dessin sensible pâlit à côté du dessin synthétique des décorateurs<br />

français du XII e et du XIII e siècle. C’est parce que sa transposition est plus colorée que<br />

plastique, c’est parce que lié par son « motif », il est encore entravé par la vision directe, à<br />

laquelle il n’ose pas renoncer. Seuls les tableaux et les aquarelles des dernières années de sa<br />

vie préfigurant l’orphisme triomphant, indique la voie de la libération où s’engagera la<br />

génération suivante.<br />

C’est à l’élaboration lente et patiente d’un langage universel, qui permettra de nouveau<br />

de recréer le monde dans toute sa richesse et toute sa variété que s’attaque André Lhote. Nul<br />

sujet ne l’effraie. Au contraire ; plus il est complexe, plus il est difficile à résoudre, mieux<br />

cela vaut. Que ce soient les scènes de famille (« Convalescence » 1913, « La Brodeuse »<br />

1913, « Vacances » 1922, « Les amies » 1925), les vues de port et les plages, les marins et les<br />

filles (« Escales » 1913, « Courtisanes » 1924, « La Plage »1925, « Gipsy’s Bar » 1925, « Le<br />

Marin à l’accordéon »), les scènes mythologiques modernisées (« Le jugement de Pâris »<br />

1913, « Léda »), la vie et les foules modernes (« 14 juillet », « Foot-Ball » 1925, « Sur le Pont<br />

d’Avignon » 1923), les grands paysages composés, les sujets galants ou les compositions<br />

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