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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

Le fil de fer devient alors un rail cosmique. Calder introduit le commutateur et tout ce qui<br />

était hier statique devient dynamique. Intersections optiques, contre-mouvements,éclipses,<br />

tout cela produit une surprenant tension entre les formes en mouvement qui, par ailleurs,<br />

gagnent en variété et en richesse.<br />

Mais Calder n’est pas encore satisfait. Il veut que disparaissent les traces subsistantes du<br />

schéma de la maquette. Une trajectoire de fer, une fois pour toutes, renfermera le mouvement<br />

synchrone. Il veut que le mouvement devienne plus élastique, plus naturel et que le hasard soit<br />

la seule loi et la seule formule. Ce nouveau matériau se prête merveilleusement bien à cette<br />

nouvelle conception. Les formes se font plus archaïques, plus primitives, elles se libèrent de la<br />

géométrie, et le mécanisme qui leur donne la vie déforme à peine le matériau.<br />

L’art de Calder est entré dans une phase nouvelle : la dévalorisation des vieux axiomes<br />

esthétiques. Cette étape correspond exactement à la naissance du Dadaïsme. En d’autres<br />

temps cela lui aurait probablement valu le surnom de « Dada-Calder ».<br />

Le cycle mathématique est achevé. Le cycle organique commence et dans cette reconstitution<br />

permanente dans le mouvement en avant se situe maintenant l’art mobile d’A. Calder.<br />

Quand Hélion se mit à peindre, le grand feu d’artifices des Ismes par qui fut fêtée la chute de<br />

l’ancien régime pictural était épuisé. L’époque était importante, mais on l’exagérait. Les<br />

« Moulins de Montmartre » furent pris pour des géants par de nouveaux Don-Quichottes, la<br />

fin pour le commencement et tout regardé par le petit bout de la lorgnette. L’espace était mort,<br />

l’objet agonisant et les couleurs tirées des albums de papiers peints. La force jaillissant des<br />

ruines du vieux système était inutilisée. La lumière demeurait enchaînée à ce qui restait de<br />

l’image des objets.<br />

Charge aux jeunes de la libérer ! Hélion a accepté la tâche.<br />

Enfant de l’époque, il a d’abord travaillé selon l’agitation des apparences présentes mais, dès<br />

ses premiers tableaux naturalistes, il s’efforça, au lieu de résumer toute la nature, de la<br />

dépouiller de ce qui empêche l’œil et l’esprit de la pénétrer. Longtemps, avec obstination et<br />

passion, il dessina et peignit des citrons, des pots, des têtes et des bouteilles. Un jour, les<br />

bouteilles, les pots, les têtes et les citrons s’en allèrent du tableau en laissant à leur place des<br />

couleurs et de surprenantes structures rythmiques.<br />

Dès lors, il se place dans une nouvelle zone du sens de la vision et se met à la poursuite d’un<br />

être-lumière, intraduisible en objet ou en figure, directement perméable aux regards et à<br />

l’intelligence, entièrement affirmé, sans régions troubles, sans suggestions indécises, à la fois<br />

simple comme 1 et 3 et complexe comme le monde.<br />

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