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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

Bernheim, l’une des plus en vue à Paris d’entre les deux guerres, ni le succès de bon aloi des<br />

premiers peintres naïfs connus, pour ne citer que Séraphine, Bombois, Vivin et Bauchant, ni,<br />

enfin, la consécration posthume exemplaire, plus qu’éclatante de Rousseau, devenu petit à<br />

petit, malgré lui, la saint patron de tous les naïfs d’où qu’ils viennent… Quelque chose<br />

comme un tombeau géant du soldat inconnu recevant des honneurs pour et à la place de tant et<br />

tant d’autres anonymes, tombés insépultes en cours de route !<br />

Certes, il s’est tenu aussi, en 1937, à Paris, à l’instigation du conservateur du musée de<br />

Grenoble et patronnée par le marchand de tableaux Wilhelm Uhde, une autre exposition<br />

d’envergure – curieux comme les millésimes de ces deux manifestations-là ont coïncidé avec<br />

les millésimes des expositions Universelles ! – où il réunissait autour de ses « poulains »<br />

habituels, comme de juste, quelques-uns des peintres naïfs de moindre intérêt, tous français,<br />

auxquels il a ajouté, on se demande pourquoi Utrillo, les présentant cette fois non pas en tant<br />

que peintres naïfs, mais sous une étiquette plus clinquante, celle de : Maîtres populaires de la<br />

Réalité. Qu’est-ce à dire ? C’est que W. Uhde, le premier marchand en date de Rousseau, il<br />

faut lui rendre cette justice, pris au jeu, mais se voyant distancé par des marchands plus<br />

importants que lui, pour ne mentionner que Ambroise Vollard et Paul Guillaume, a dû se<br />

rabattre sur ces quatre peintres précédemment cités, devenus tous « grands » par ses soins,<br />

donc récupérés peu après par le commerce international, à commencer par sa propre servante,<br />

Séraphine, qu’il a laissé faire interner à l’hôpital psychiatrique de Clermont dès qu’elle ne<br />

pouvait plus peindre et dont il donne dans ses publications, une fausse date de son décès, du<br />

simple fait qu’il ne lui a rendu plus aucune visite depuis. Qu’à cela ne tienne… W. Uhde<br />

passe néanmoins pour le créateur de l’idée naïve, lui qui, en élitiste conséquent, ne voulait<br />

même pas en entendre parler, trop occupé par l’écoulement de ses propres marchandises,<br />

stockées patiemment. Merci, merci beaucoup, disait-il quand on voulait lui présenter quelque<br />

peintre naïf intéressant ; les miens me suffisent amplement…<br />

A-t-il profité du moins de cette exposition ? Y a-t-il vendu plusieurs de ses tableaux ? Aucune<br />

importance, puisque ayant bénéficié d’un certain succès d’estime, mêlé à une vague curiosité<br />

sans plus, elle fut reprise tour à tour par des galeries et des musées de Zürich, de Londres et de<br />

New York, mais là, on était déjà fin 1939, ce qui explique – et comment ! – que, bientôt, on<br />

n’en parlera même plus, et la peinture naïve retombera de nouveau dans l’oubli. C’était trop<br />

tôt. Beaucoup trop tôt… Sauf aux Etats-Unis où cette exposition présentée au Museum of the<br />

Modern art de New York, servira de détonateur pour le déclenchement d’une véritable<br />

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