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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

des âmes, où grouillent tous les archétypes, découverts par le psychanalyste zurichois, le<br />

docteur Carl Jung.<br />

Certigny ne le juge même pas. Il se contente d’aligner les faits, étaler sa vie, jour par<br />

jour, heure par heure, ou tout comme. Comme un huissier, il fait tout simplement un constat.<br />

On y apprend, néanmoins, entre autres révélations de taille, que, pendant des années,<br />

Rousseau était professeur de dessin à l’Association Philotechnique, fondée en 1848 et<br />

reconnue d’utilité publique en 1861 ; une espèce de cours du dimanche, sis rue d’Alésia, dans<br />

le 14 e arrondissement de Paris, pas bien loin de son quartier.<br />

Tiens… Tiens… Rousseau savait donc peindre, du moins dessiner ? Un professeur, à<br />

priori, c’est sérieux ; il doit savoir dessiner lui-même, d’abord, avant de pouvoir enseigner aux<br />

autres, non ?<br />

Mais que pouvait-il enseigner à ses élèves ? De quelle façon ? En outre, il devait les<br />

corriger, donner des conseils, fournir des exemples. Sur quoi étaient alors basés ces conseils,<br />

ces corrections, ces exemples ? Pas sur sa manière personnelle de peindre, c’est évident. En<br />

aucun cas, cela ne pouvait être dans sa manière, dite naïve. On se serait moqué de lui, comme<br />

on se moquait déjà de ses tableaux lorsqu’il les exposait, une fois l’an, au Salon des<br />

Indépendants. De plus, la direction ne lui aurait pas permis.<br />

Cela vous étonne ? Moi pas. Moi, ce qui m’étonne, c’est que tous ceux et toutes celles<br />

– mille excuses, Madame ! – qui ont reproduit dans leurs livres certains dessins de Rousseau,<br />

toujours les mêmes d’ailleurs, passant et repassant sempiternellement d’un livre à l’autre,<br />

pareils aux grains de beauté totalement étrangers au reste du visage, les reproduisaient<br />

pourrait-on dire aveuglement, machinalement, sans se pencher sur les raisons de cette qualité,<br />

ni se demander par la même occasion, d’où venait la spécificité si discordante de leur écriture.<br />

Ce sont des croquis, à proprement parler. Des annotations rapides, passablement habiles, un<br />

tantinet impressionnistes. Tout est pris sur le vif, sur le motif, et où toutes les caractéristiques<br />

de la prétendue gaucherie de ses tableaux sont tout à fait absentes, tandis que le clair-obscur,<br />

la perspective, et ainsi de suite, y apparaissent comme par enchantement. Ils dénotent par<br />

ailleurs une sûreté peu commune de sa main. Bref, ce sont des produits d’une autre main,<br />

d’autres yeux, d’un autre cerveau.<br />

Même s’ils ignorent la découverte de Certigny, ou s’efforcent de la passer sous<br />

silence, ils devraient savoir quand même, ils devraient se rappeler que Rousseau a commencé<br />

par copier au Louvre. D’accord. Tour le monde l’admet, tout le monde est au courant, c’est de<br />

notoriété publique. Mais quels tableaux ? Comment les exécutait-il, d’autant que l’idéal d’une<br />

copie a toujours été sa ressemblance parfaite avec l’original ? Rousseau ne pouvait tout de<br />

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