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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

Le musée de Berne réparera par la suite ce faux départ par une magistrale exposition<br />

d’Insania Pingens, modèle resté insurpassé depuis.<br />

Il s’ensuit que personne ne considérait ces œuvres insolites en tant qu’œuvres d’art, ne se<br />

préoccupant dans tous les cas que de leur signification médicale. De leur utilité dans<br />

l’établissement des diagnostics. Toujours en tant que des expressions douloureuses de la<br />

pauvre Psyché malade, Psyché mutilée, Psyché souvent blessée à mort. Il n’est venu non plus<br />

à l’idée de personne de s’en servir ou de les exploiter dans un but quelconque. Ce pas fut vite<br />

franchi pourtant par la fondation de la Compagnie de l’Art Brut – label trouvé par Jean<br />

Paulhan – et dont Jean Dubuffet fit son affaire personnelle. Il devient alors le pape de cet art<br />

qui lui servira d’alibi pour le sien propre. M. François Mathey, conservateur du Musée des<br />

Arts Décoratifs, où se tenait l’un des dernières expositions de Dubuffet, est formel à ce sujet :<br />

« La collection de l’Art Brut, qu’il avait patiemment et systématiquement constituée, est pour<br />

ainsi dire comme tout autre musée pour un artiste, le fond de garantie spirituelle de sa<br />

démarche plastique ». Ce disant, il abat son jeu, imprudemment, peut-être, et sonne le glas du<br />

mythe d’un certain Art Brut en tant qu’une découverte spontanée et désintéressée.<br />

Derechef, Dubuffet, joue gagnant. Il renverse la situation à son profit et devient désormais le<br />

Dieu le Père de tout un mouvement d’idées, et les snobs s’en emparent avec délices.<br />

Polémiste redoutable, épistolier prolixe, il arrive à inculquer les notions d’un art anticulturel et<br />

faire croire aux jobards que la création brute, la sienne et des siens, est la seule valable, d’une<br />

intensité inégalable. A bas les musées ! A bas la culture ! Vive l’Art Brut !<br />

Mais quel rapport a tout cela ave la peinture naïve ? Pour lui, aucun. Pour s’en convaincre, il<br />

suffit de feuilleter ses innombrables encycliques pour avoir le moindre doute sur ce qu’il en<br />

pense. Il la déteste. Il la vomit. D’après lui, c’est un art hybride, dégénéré ; peinture<br />

figurative, peinture passéiste, égarée entre l’académie et l’artisanat.<br />

Heureusement que pour d’autres, exempts de sectarisme, le problème de la parenté de l’Art<br />

Brut et de la peinture naïve se pose tout à fait autrement. Si dans certaines créations d’art<br />

Brut, où le mot « art » est le plus souvent de trop, la communication entre l’auteur et le<br />

spectateur s’établit sans trop de difficultés et si leur message passe sans encombre à travers les<br />

grilles de la raison, il s’agit ni plus ni moins de peinture naïve, que cela ne déplaise, mais à la<br />

condition sine qua non que leurs auteurs soient d’abord et avant tout des peintres-nés, et c’est<br />

pourquoi ceux-ci figurent, de droit, dans « Le lexique des peintres naïfs du monde entier »,<br />

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