27.10.2014 Views

anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

JAKOVSKY Anatole, Robert Delaunay<br />

Blainville-Crevon, Association « La Sirène ».<br />

Ce texte, non publié, a été rédigé par Anatole Jakovsky dans les années 1970. Il permet au<br />

critique d’art de revenir sur son parcours depuis le début des années trente jusqu’à ses<br />

positions actuelles en faveur de l’art naïf. Cet écrit est également l’occasion pour Anatole<br />

Jakovsky de formuler certaines réserves à l’encontre de l’art contemporain après 1945. Nous<br />

avons choisi d’intituler ce texte « Robert Delaunay » conformément au tapuscrit conservé<br />

dans les archives de l’association « La Sirène ». La première partie de cet essai est en effet<br />

consacrée aux rapports amicaux qui ont uni Jakovsky et Robert Delaunay.<br />

Quelques temps après avoir écrit et publié tant bien que mal mon Herbin, Jean Hélion<br />

m’avait présenté à Robert et Sonia Delaunay. Il pensait, sans doute que ce petit ouvrage<br />

pouvait me servir d’ores et déjà de carte de visite présentable. Cela s’est passé donc tout au<br />

début du printemps 1933.<br />

Ah, qu’il était beau ce printemps! Inoubliable ! Unique. Le plus beau de tous ceux que j’ai<br />

connus jusque là. Peut-être même de tous ceux que je connaîtrai par la suite. Quand tout d’un<br />

coup, après des crachins sans fin, et des fins de journées maussades, tombant de bonne heure,<br />

comme on tombe de fatigue, et s’éternisant toutefois à ne plus savoir quel quantième on était,<br />

il a suffi d’un peu de soleil, de ses premiers mouvements doux, chauds, caressants, sachant<br />

déjà épeler les couleurs, pour que tout change en un tournemain, soulevé, frémissant,<br />

électrisant vous-même et la ville tout autour par on ne sait quel sortilège qui fait que les soucis<br />

se changent en espoirs, que les filles deviennent soudain toutes belles, sentant bon la femme,<br />

et que les premiers crocus blancs de leurs bras nus éclatent parmi les guéridons, les chaises et<br />

les tables des cafés en plein air, puis s’envolent à tire d’ailes comme les mouettes, telles les<br />

sources jaillissantes annonciatrices dans leur rumeur impatiente de la fonte des neiges !<br />

Mon premier printemps parisien…<br />

Hélion l’a fait, cependant, je le sentais, un peu à contre cœur, d’abord parce qu’il n’était pas,<br />

mais du tout «partageux», ni en amitié, ni pour autre chose ensuite parce que ce couple n’était<br />

pas, loin de là, de son bord, et s’il s’était, décidé finalement à le faire, c’est uniquement pour<br />

m’aider à me débrouiller d’une façon ou d’une autre, en comptant en partie sur ses relations et<br />

surtout sur la possibilité d’y être invité à manger de temps à autre, chose inappréciable pour<br />

267

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!