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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

a détruit le rôle principal de la peinture qu’elle conservait depuis des siècles – la connaissance<br />

du monde – devenue inutile, barrée du tableau traité depuis comme pur décor.<br />

L’art océanien que l’on poursuivit à la chasse, de l’extravagance stylistique, était<br />

l’antithèse de cette conception. Justement il a entrouvert un peu l’autre pôle de la création<br />

humaine, – le côté spirituel, le côté irrationnel, le côté magique et inexplicable, - c’était la<br />

découverte des émotions débiles, mais pures et sublimes par exemple d’une main, tracée par<br />

quelques crevasses de couteau sur le tronc phallique de bois d’un fétiche, car ce n’était pas de<br />

la figuration manquée, mais un moulage d’une sensation fine et complexe qui n’est ni vision,<br />

ni sexe, ni toucher, mais la synthèse de tous les éléments de la psychique à un moment donné.<br />

Les yeux de nacre, les racines des plantes, les ficelles, les coquillages et les barbes de vrais<br />

cheveux, ne représentaient pas seulement la belle matière introduite collée sur la face<br />

sculpturale, non, ils étaient pris par le côté subconscient, comme émanation constante de<br />

souvenirs – au lieu du modelage primitif –, qui complétait et intensifiait l’émotion principale.<br />

On est arrivé ainsi à la genèse de chaque art, au langage primaire et secret sorti des ténèbres<br />

de l’inconscient, l’écriture des sécrétions artistiques qui verse l’homme dans la nature.<br />

L’origine de ses réactions instinctives et préventives contre les forces brutales. Les réactions<br />

immédiates de tous les sens unis au vol contre chaque événement qu’on dit sublime ou beau.<br />

Vulliamy a appris beaucoup chez les océaniens inconnus. Mais l’expansion d’énergie<br />

vitale, qui crée chez eux une cosmogonie exacte, devient tout de suite le rêve de cette énergie<br />

chez Vulliamy. Son instinct est toujours filtré par la conscience interprétée et déchiffrée par<br />

Freud. C’est pour cela qu’il prend seulement un secteur des vastes domaines de la vie<br />

intérieure et avec sa rétine presque psycho-analytique il n’aperçoit que le sexe. Il trace tout<br />

simplement les cartes de la volupté. Il centralise d’abord les pénombres et les lumières de ses<br />

tableaux dans les zones érogènes, il les accentue et les intensifie à une manière extraordinaire,<br />

jusqu’à ce qu’ils se détachent complètement des corps des mâles et femelles anthropomorphes<br />

sacrifiés sans pitié à cette opération et deviennent finalement un monde autonome – un lieu<br />

géométrique de points de feu, un réseau des vecteurs d’attraction charnelle, un moulage d’une<br />

jouissance.<br />

Et pour aboutir à cette dernière expression et cette dernière sincérité, il recule dans ses<br />

souvenirs, qui se déshabillent aussitôt et posent pour lui comme modèles. Mais les couleurs<br />

flamboyantes, je le répète, bouleversées par les rythmes contradictoires, les couleurs<br />

entraînées ensuite par des cyclones innombrables, parfois ne représentant plus rien.<br />

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