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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

photographes dignes de ce nom, j’entends tel que Nadar, avec leurs lourdes caméras<br />

primitives, obtenaient des effigies quasi animées tandis que les portraitistes d’aujourd’hui que<br />

l’on peut compter sur les doigts d’une seule main n’y arrivent que rarement, malgré toutes les<br />

perfections possibles et imaginables de la technologie, pour ne citer que Cartier-Bresson<br />

archi-connu et cette Rogi André quasiment inconnue qui expose à la Bibliothèque Nationale<br />

comme de juste. Les portraits de Bonnard, de Picasso, de Vlaminck, et j’en passe d’entre les<br />

deux guerres de cette dernière valent bien les Calder, les Giacometti et les Mauri de son cadet<br />

précité, pour lequel : « photographier, c’est dans un même instant et une fraction de seconde<br />

de reconnaître un fait et l’organisation rigoureuse des formes perçues visuellement qui<br />

expriment et signifient ce fait. C’est mettre sur la même ligne de mire la tête, l’œil et le<br />

cœur ». Qui dit mieux ?<br />

Pour en revenir à des « réalismes » autres que ceux de Flaubert et de la caméra obscura, il est<br />

curieux de constater qu’en ce qui concerne la peinture, ce terme est étroitement lié au nom de<br />

son inventeur, Gustave Courbet, né en 1819, c'est-à-dire trois ans avant Flaubert et mort en<br />

1877, donc trois ans avant Flaubert, chacun de ces deux Gustave-là ayant vécu, par<br />

conséquent, cinquante-huit ans très exactement. Bien mieux, Courbet expose sa pièce<br />

maîtresse « L’enterrement à Ornans » au salon de 1850, la date des pérégrinations et des<br />

mutations de toutes sortes de Flaubert, alors que l’autre de ses toiles les plus célèbres,<br />

coïncide avec les débuts de « Madame Bovary ». Vraiment, quel parallélisme déconcertant,<br />

confondant !<br />

Ainsi ces deux grands novateurs qui ne se connaissaient guère, de milieux tout ce qu’il y a de<br />

différents de surcroîts, l’un bourgeois aisé, fréquentant le Salon de la Princesse Mathilde, et<br />

l’autre plutôt libertaire et le futur « Communard », mort en exil en Suisse, ont été choisis, à<br />

leur insu, par le destin pour tirer un trait sur toute une aventure de l’esprit humain commencée<br />

dès la Renaissance, à partir de laquelle rien ne sera plus comme avant. De sorte que ce terme<br />

de « réalisme » au propre et au figuré, associé à tort le plus souvent au banal trompe-l’œil,<br />

deviendra t’il par la force des choses une pierre de touche à toutes les errances picturales qui<br />

s’ensuivront sans tarder.<br />

Certes, sa décrue ne se fera pas en un jour. Son déclin commence imperceptiblement au fur et<br />

à mesure que la subjectivité prend le pas sur l’objectivité, et que la sensation passagère se met<br />

à perturber l’ordre immuable des choses. Les exemples ne manquent pas. Justement, au Grand<br />

Palais, se tient une rétrospective de Camille Pissarro, peintre inégal et pas du tout d’une seule<br />

pièce, comme ce fut le cas de ses autres compagnons de route, que ce soient Monet, Renoir ou<br />

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