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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

Il suffit de regarder seulement ces dominantes vigoureuses de la couleur pure, de la<br />

couleur saine et forte, vivante pour elle-même, les couleurs libres qui s’agitent et se meuvent<br />

dans les atmosphères illimitées, dans ces cieux sans fin teintés souvent en bleu, - bref dans<br />

tous ces fonds immobiles, translucides et inépuisables : on comprend tout de suite que les<br />

ruines ne sont plus les ruines, qu’elles sont recréées – la pierre devenue la terre -, le nouveau<br />

sol à cultiver. Que les ruines sont des formes, des symboles, les symboles informables, car ils<br />

sont neufs et inexistants et que les formes ne sont que les simples conducteurs des couleurs,<br />

de la couleur tellement « Magnelli », des idées tellement lui, étant toujours hors de la ruine,<br />

hors de la catastrophe. Leurs nombreuses craquelures ne sont que des prétextes pour les<br />

couleurs de respirer. Les lézardes sont l’air et la vie. On ne commence une autre vie qu’en<br />

détruisant la précédente, et cet état d’esprit est très caractéristique pour notre époque de<br />

transition – une phase qui marque assez nettement le changement intégral de toutes les<br />

valeurs.<br />

Le soleil florentin d’aujourd’hui creuse les malachites, les marbres, les basaltes et les<br />

terres par ses rayons énergiques et durs. Plein de force, plein d’espoir, il brise, ses rayons<br />

détruisant toutes les œuvres d’art passéistes, les objets et les paysages d’une autre vie<br />

disparue, - tout l’univers ancien qui garde malgré tout les traits du travail humain et les<br />

empreintes de son visage indestructible. Il engendre aussi de nombreuses ombres, mais tous<br />

les deux ne font que pousser de leurs crevasses d’autres organismes de rechange. C’est de la<br />

santé biologique. Tout existe ; nous existons, comme autrefois existaient les sénateurs et les<br />

guerriers.<br />

Oui, c’est la perpétuité de l’énergie, la transformation constante de l’énergie, son<br />

redressement toujours sous une autre forme, la conservation de l’esprit et du génie – de toutes<br />

les forces spirituelles, en somme, qui résistent à tous les cataclysmes et aux évènements<br />

épisodiques de l’histoire – tout cela se manifeste catégoriquement dans les peintures récentes<br />

de Magnelli. C’est lui, – le seul acteur de son jeu, l’homme composite du passé, du présent et<br />

de l’avenir, - l’homme peut-être le plus authentique. L’homme.<br />

Le passé est l’échelle des âges. L’âge est l’échelle du passé. Et c’est ainsi que par<br />

Magnelli nous apprenons combien sont petites, minimes et débiles les œuvres fortuites du<br />

présent – les gratte-ciel minuscules qu’il introduit dans ses tableaux. Naturellement, pour<br />

atténuer une autre réalité, pour contraster une fois de plus phénoménalement et plus<br />

sensationnellement, l’immense antiquité de son monde et l’énorme durée de son temps<br />

abstrait.<br />

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