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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

? Jusqu’où peut-on aller encore, se dépasser dans l’éphémère ? Se désintégrer pour de bon<br />

dans l’inexistant ?<br />

De sorte que, et aussi incroyable que cela puisse paraître, les arts plastiques de notre cher<br />

XX eme siècle entré dans son dernier quart et en vue donc de l’an 2000, se sont trouvés versés<br />

tout d’un coup au creux de la vague qui les portait si haut jusque là, inaugurant par surprise<br />

l’une de ces époques qui, certes, ne sont pas inconnues des historiens d’art précités, et qui les<br />

ont toujours appelées basses, quand il ne s’agissait pas de la leur, comme de bien entendu. A<br />

notre tour, sans nous en apercevoir, nous sommes entrés dans un de ces vides, dans un de ces<br />

trous de l’Histoire, lorsque ses arts soudain muets et aveugles ne témoignent plus de la<br />

présence de l’homme sur la terre. Lorsque rien ne reflète ni ses amours ni ses émois, ni ses<br />

joies, ni ses peines.<br />

Basse, très très basse est certainement notre époque, et ce, malgré les prouesses fantastiques<br />

de sa science et de sa technologie avancée, mues uniquement par le cerveau, au faîte de sa<br />

puissance, comme si ce dernier pouvait se passer désormais du cœur, une erreur de la<br />

génétique, une monstruosité d’un autre âge, tout juste bonne à figurer dans un bocal rempli de<br />

formol, au même titre qu’un chien à deux têtes ou une brebis à cinq pattes… Nous marchons<br />

allègrement sur la lune, mais nos réactions affectives ne dépassent guère celles des primates :<br />

manger, boire, baiser, tuer… le sentiment devenu une obscénité !<br />

Seul Sâr Peladan, simili image déchu, ci-devant le dernier rescapé des brumes symbolistes et<br />

des cymbales wagnériennes du Crépuscule des Dieux, très Fin de Siècle, osa marmotter dans<br />

sa barbe grise et mitée : et si les hommes avec des ailes n’auraient-ils pas les mêmes peines et<br />

le même cœur?<br />

Vieux con ! Pouvait-on être passéiste à ce point, et amorti pour tout dire, pour ne pas avoir su,<br />

sinon senti d’où venait le vent ? Vous pensez, en plein essor de l’abstrait…<br />

Déjà la peinture gestuelle supprimait la longue, la patiente, la douloureuse gestation d’une<br />

œuvre d’art. Deux, trois coups, quasi-instantanés du pinceau suffisent. La pensée d’abord. Le<br />

concept. Si fait que l’expressionnisme abstrait, made in U.S.A, remplace facilement les carrés<br />

et les triangles laborieux de l’abstraction géométrique. Le vieux jeu, quoi… Tout juste si on<br />

continue à barbouiller les toiles monochromes, en souvenir de Malevitch.<br />

Mais c’est encore trop. Pourquoi ne pas abolir même cette main esclave attachée trop au reste<br />

du corps, porteuse des réflexes et des anciennes tares individualistes ? Le hasard, faisant fi de<br />

la présence humaine ne ferait-il pas mieux les choses, non ? Là chacun se débrouille comme il<br />

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