27.10.2014 Views

anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

l’étiquette ! Oui, l’une des étiquettes déjà citées. Au choix. Et la cote, bien entendu, qu’elle<br />

comporte. Faut-il conclure, alors, que c’est encore l’anonymat qui est le meilleur garant de la<br />

sincérité des œuvres naïves ? Peut-être pas. Pas toujours, bien qu’un certain désintéressement<br />

soit vraiment nécessaire, je dirai même indispensable. Car c’est encore des œuvres conçues<br />

pour le seul plaisir de chanter – peintes exactement comme les oiseaux chantent – qui sont<br />

toujours les meilleures, les plus admirables. Allons, il y a du choix, heureusement. Somme<br />

toute, plus il y aura de peintres, plus il y aura de poésie ; plus il y aura de naïfs, plus nous<br />

aurons de romances. Et c’est d’autant mieux, n’est-ce-pas ? C’est autant de gagné. Ils<br />

s’appelleront donc tous, sans exception, peintres naïfs ou peintres du dimanche, ce qui revient<br />

souvent au même. Et leur nom est légion.<br />

La peinture naïve qui débuta sous l’Empire, fleurit sous le Restauration, le Second<br />

Empire et la Troisième République, n’a été appréciée qu’au début du vingtième siècle avec le<br />

Douanier Rousseau. La vogue commerciale des œuvres du Douanier marque un tournant<br />

décisif dans l’histoire de la peinture naïve. Mais avant ?<br />

Jusqu’à cette époque-là les peintres naïfs sont des gens modestes, (aujourd’hui on<br />

connaît parmi les connus ou identifiés à peu près de toutes les professions : deux quincailliers,<br />

un marchand de vins, un buraliste, un paysan, un herboriste, deux concierges, deux bouchers,<br />

dont un hippophagique, un peintre en bâtiment, un marchand ambulant, un cordonnier, deux<br />

employés des postes, un comptable, une femme de ménage, un ancien terrassier, etc.)<br />

d’origine populaire qui peignent par goût, par amour de la peinture, et surtout sans arrièrepensée<br />

de profit ou de vanité. Les bourgeois sont assez rares parmi eux. Est-ce parce que le<br />

semblant de culture qu’ils possèdent empêche à cette naïveté de s’épanouir ? – Ou bien parce<br />

que leur mentalité tue le désintéressement et tout acte gratuit ? Est-ce par pudeur des<br />

sentiments ? Ou à cause du masque de respectabilité qu’on est obligé de porter ? On ne le<br />

saura sans doute jamais. Toujours est-il que, dans le temps, les petits-bourgeois faisant de la<br />

peinture semi-naïve étaient quand même un peu plus nombreux.<br />

Où faut-il, alors, chercher les causes et les origines de cette passion relativement<br />

nouvelle ? S’agit-il d’ignorance ou d’impuissance ? Au fait, de quoi s’agit-il au juste ? Des<br />

deux.<br />

La réalité, dans le domaine pictural, c’est la connaissance, c’est le savoir ; c’est ce<br />

long et séculaire apprentissage de l’espace, des êtres et des choses qui couronnent les époques<br />

révolues. Le réalisme dans l’art, c’est toujours de la beauté mûre. Or, le trait essentiel qui<br />

caractérise les naïfs, c’est précisément l’absence de ce savoir. Ils voient, mais ils sont<br />

incapables de fixer leurs visions d’après les règles de l’art pictural en vigueur. C’est alors<br />

156

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!