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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

compte plus que dans l’éphémère, le provisoire et le dérisoire Carpe Diem ! Aucune<br />

pérennité. Aucun avenir en vue…<br />

Au fond, les vœux de Guillaume Apollinaire sont exaucés. Les chefs-d’œuvre ne durent qu’un<br />

instant, c’est vrai, et on dépense des millions pour des œuvres qui n’ont aucune valeur en<br />

elles-mêmes. Il ne s’est trompé que de vocabulaire. Car en fait de chefs-d’œuvre, quel<br />

historien de l’an deux mille verrait une différence entre une reproduction de la Joconde ornée<br />

d’une belle paire de moustaches par Duchamp et une reproduction similaire à laquelle un<br />

gosse aurait ajouté une pipe ou une barbe pour s’amuser. Entre un urinoir ordinaire et la<br />

Fontaine, autrement dit le même urinoir portant sa signature ? Entre une pelle à neige et une<br />

autre pelle à neige qui ne porte pas non plus sa signature ? Le sort qui attend tous les Readymade<br />

quels qu’ils soient ?<br />

Déjà maintenant, lors de l’exposition inaugurale de Beaubourg, placée comme il se doit sous<br />

l’ombre tutélaire de ce géant, on a dû faire appel aux faux, aux copies, ou appelez cela comme<br />

vous voudrez, puisque les originaux de ces pelles, urinoirs, séchoirs à bouteilles et autres<br />

roues de vélos n’existent plus depuis belle lurette. Verrait-on une fausse Joconde au Louvre ?<br />

Une copie de la Victoire de Samothrace ? Se souvient-on de ce scandale lorsqu’on a<br />

découvert que la fameuse Tiare de Saitapharnès était un pastiche ? Et encore… Elle était en<br />

or et a nécessité un travail prodigieux d’orfèvre. Mais un tas de charbon répandu à même le<br />

parquet du dernier étage de Beaubourg en tant qu’une œuvre-d’art, comment le distinguer du<br />

tas de charbon dans votre cave ? Lequel est faux ? Lequel est vrai ?<br />

Ici, tout est possible. Tout ce qu’il y a de normal. A l’instar des anciens figurants se dandinant<br />

et chantant, Marchons ! Marchons ! Sans bouger d’un pouce, ces artistes-là jettent des pétards<br />

mouillés, en nous faisant croire à la subversion artistique permanente. Les anars à la manque,<br />

ces desperados de salons, ces nihilistes bien à l’aise dans leur peau ne font du mal et ne<br />

blessent que les porte-monnaie de ceux qui s’y laissent prendre. Ils roulent dans des Cadillac<br />

et des Rolls…<br />

Est-ce pour cela que Beaubourg a coûté un milliard aux contribuables français, en attendant<br />

les cent millions (lourds) par an pour son entretien ?<br />

Là, les prévisions de Guillaume sont dépassées. De loin. Je ne pense pas que, malgré ses dons<br />

de prophétie, il aurait pu envisager sérieusement que des sommes pareilles allaient être<br />

dépensées pour un art s’évanouissant avant de naître. De son temps, les tableaux de Picasso,<br />

de Matisse, de Van Gogh, se vendaient sensiblement moins cher que ceux d’un débutant<br />

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