27.10.2014 Views

anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

l’heure actuelle acquis. L’art non moderne en tant qu’art conventionnel n’est plus capable de<br />

véritable recherche. On trouve dans ce domaine des hommes du plus grand talent, mais ils ont<br />

soixante ou soixante-dix ans. Il n’y a aucune recherche anti-moderne chez les jeunes,, et il se<br />

trouve que, pour ses raisons très mystérieuses, ce qui est appelé l’art naïf est aujourd’hui ce<br />

qui touche le plus profondément le grand public. Alors que, dans ma jeunesse, il n’y avait pas<br />

une exposition d’art naïf – on faisait un monde avec Henri Rousseau, qui est un génie, mais<br />

absolument unique – aujourd’hui, nous pouvons dire qu’il s’ouvre non à Paris, mais en France<br />

une quinzaine d’expositions d’art naïf par an.<br />

Le phénomène n’est pas français, il est mondial. Par conséquent les Américains qui<br />

arrivent devant une architecture naïve, complètement stupéfaits, ne sont pas pour m’étonner,<br />

car, s’ils l’avaient aux Etats-Unis, ils y courraient.<br />

La réponse à votre question est donc très simple : en un temps où l’art naïf est devenu<br />

une vérité considérable 12 , il serait enfantin de ne pas classer, quand c’est nous, Français, qui<br />

avons cette chance de posséder la seule architecture naïve du monde et d’attendre qu’elle se<br />

détruise »…<br />

Voilà qui est dit, et bien dit, et les paroles de Malraux rejoignent celles de Claude<br />

Levi-Strauss. A elles seules, elles suffiraient à justifier la réédition présente de ce<br />

Dictionnaire. Tant pis, tant pis pour les imbéciles. Ceux qui n’ont rien compris, ne le<br />

comprendront plus jamais !<br />

Or, pour connaître Rousseau, il a fallu attendre plus longtemps. Un demi-siècle s’est<br />

écoulé entre sa mort et la parution, chez Plon, de « La vérité sur le Douanier Rousseau » par<br />

H. Certigny, suivi, dix ans plus tard, par un addenda, paru à la Bibliothèque des Arts.<br />

Livres épais, touffus, ingrats, fruits de patientes recherches dans les bibliothèques et<br />

les archives. Des années et des années de travail, qui tranchent sur les faciles compilations des<br />

autres.<br />

Avec lui, les choses se compliquent un tant soit peu. La statue conventionnelle de<br />

Rousseau commence à se fissurer et à trembler légèrement sur son piédestal.<br />

A l’image d’Epinal, tout d’une pièce, se substitue peu à peu un être assez complexe,<br />

pour ainsi dire double, à la fois naïf et roublard, bête et intelligent, un peu comme un hibou au<br />

soleil, fermant ses paupières meurtries, quitte à reprendre son vol dès la tombée de la nuit. De<br />

cette nuit profonde, de cette nuit primordiale, nuit réparatrice, nuit régénératrice des corps et<br />

12 En italique par moi.<br />

221

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!