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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

Sisley. Sensible aux turbulences intellectuelles de son époque, il oscillera toute sa vie durant<br />

entre un solide fond réaliste de ses débuts et les mirages techniques plus libres, plus<br />

nouveaux, aboutissant quelquefois à des impasses de l’écriture purement formelle, dont le<br />

« Pointillisme » alias le « Divisionnisme », prêché par les deux jeunes loups Seurat et Signac.<br />

On sent cela dans ses paysages urbains surtout, un peu lourds, comme endormis, alors que le<br />

ciel bouge déjà, les nuages sont en train de se disloquer et le soleil apparaîtra tout d’un coup<br />

dans toute sa gloire. Ou bien une averse, qui suit, tiède, bienfaisante, qu’attendent les<br />

bourgeons des platanes et des marronniers. De toute façon ce sera le printemps…<br />

C’est ce qui est arrivé, du reste, dans ses dernières toiles représentant de préférence les larges<br />

artères parisiennes nouvellement percée par le baron Haussmann, miroitant de mille paillettes<br />

versicolores. Le réalisme ? Nenni. Fini. Envolé. Les paysages de Pissarro n’ont plus d’identité<br />

précise à l’encontre de celles de Courbet. Ce sont des figurantes, des mannequins et des<br />

accessoires scéniques. Quoiqu’il en soit, Pissarro reste et restera un témoin majeur, irréfutable<br />

d’un temps ou tout allait trop vite. Et le musée que la ville de Pontoise, l’un des hauts lieux de<br />

l’Impressionnisme, vient de lui consacrer, il l’a bien mérité.<br />

Toujours est-il que c’est encore très, très différent par rapport à Thomas Gainsborough,<br />

chantre incontesté d’une certaine « gentry » anglaise du XVIIIème siècle. Pour s’en rendre<br />

compte, il n’y a qu’à changer d’étage à ce même Grand Palais. Né l’année de la mort du<br />

premier Georges de la dynastie hanovrienne, il immortalisera effectivement quelques uns de<br />

ces personnages importants, hauts en couleur, qui ont contribué, sinon profité de la plus<br />

grande réussite économique de leur pays, due au développement de l’industrie et aux réformes<br />

foncières, sans oublier, comme de bien entendu, l’exploitation accrue des richesses coloniales.<br />

L’Angleterre a tout, c’est vrai, excepté, les peintres du cru. Elle les faisait venir auparavant de<br />

l’étranger, principalement des Flandres, dont Van Dick sera longtemps le plus représentatif.<br />

Pour changer cet état de choses, Gainsborough fera donc poser tous ces ducs, comtes, milords,<br />

duchesses et comtesses, généralement sur fond d’un paysage assez particulier, non pas dans<br />

les parcs tirés au cordeau du Grand Siècle français, mais au sein d’une nature passablement<br />

sauvage, aux puissantes frondaisons assombries par des soleils couchants et rendus presque<br />

inquiétants à cause de ces éclairages un tant soit peu dramatiques, précurseurs d’orages. Ce<br />

faisant et le maniérisme de ses personnages aidant, il dressait, sans le savoir, un décor<br />

romantique avant la lettre et fixait d’ores et déjà toutes les règles et tous les poncifs des futurs<br />

« wonthering heights ». Au demeurant, cette galerie de portraits ne peut être comparée qu’à la<br />

galerie des pionniers américains partis à la conquête du Nouveau Monde, exécutée par des<br />

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