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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

Sa dernière exposition d’aquarelles et de gouaches à la galerie Marcel Guiot a<br />

consacré d’une façon quasi définitive son triomphe. Avec ses esquisses explosives, ses<br />

peintures et ses gouaches de petit format, mais qui sont des grandes compositions comprimées<br />

et qui ne demandent que l’occasion de se répandre sur les murs, elle a paru à tous ceux qui<br />

suivent attentivement cet infatigable chercheur comme une espèce de synthèse qui parachève<br />

magistralement tous ses efforts et tous ses travaux entrepris depuis ses vingt ans, mais aussi<br />

comme un vrai prélude à une création beaucoup plus épanouie, sur les vastes surfaces qu’il<br />

s’est refusé durant la guerre.<br />

Ses compositions monumentales, quoique d’un petit format, nous permettent de<br />

pénétrer dans un univers estival et dionysiaque, dans un univers sensuel et embrasé où tout<br />

s’enroule comme sous l’effet d’une danse, où tout s’enchaîne sans heurts et sans fissures et<br />

où, des bleus aux rouges et des jaunes aux verts, surgissent des corps, des arbres et des nuages<br />

qui éclatent ou meurent lentement calcinés dans les lointains mauves.<br />

Actuellement, il est assez fort pour concilier les antinomies de la peinture. Son idéal,<br />

d’après sa définition est de « calligraphier le clair-obscur ». Cela consiste à mettre la ligne<br />

serpentine chère à son adolescence – la grande ligne Saint-Savinienne des décorateurs romans<br />

avec les enroulements et les gerbes rythmés qu’elle comporte, au service des contrastes<br />

lumineux. Pour éviter de tomber dans le réalisme et la vulgarité, son clair-obscur sera sans<br />

clair et sans obscur véritables : la couleur seule donnera l’équivalent des contrastes des<br />

valeurs. Le bleu clair, par exemple, exprimera le sombre. Et l’orange de même valeur, la<br />

clarté solaire, comme l’avait prêché dans le désert d’Arles, le génial Van Gogh.<br />

Cette conception de clair-obscur minima consolidé par l’arabesque, délivre le peintre<br />

du souci millénaire et périmé de traduire les objets par leur découpage extérieur, par leurs<br />

contours anatomiques. En réalité, le clair-obscur est un phénomène qui se passe autant à<br />

l’intérieur des objets que sur leurs bords. La ligne qui en souligne les limites passera donc du<br />

contour réel à ces contours intérieurs suscités par les tracés éclatants de l’éclairage. C’est là<br />

une invention prestigieuse qui éblouit les jeunes peintres sinon encore les critiques d’art ; un<br />

enrichissement du dessin, un procédé de connaissance et un motif d’émoi enfin nouveau dont<br />

on mesurera bientôt l’énorme importance.<br />

Mais, dira le lecteur inquiet : pourquoi Saint-Savin comme référence plutôt que le<br />

copte, le précolombien, l’égyptien, l’océanien, le chinois ou l’étrusque ?<br />

Tout simplement, parce que cet art est le plus près de notre sensibilité et que nous y<br />

découvrons avec ravissement et reconnaissance quelques-uns des modes d’expression qui<br />

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