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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

cruelle. D’emblée, il veut retrouver sa nuit, les bienfaisantes ténèbres où il pouvait méditer et<br />

rêver en plein jour. Aveugle, il voyait, voyant, le monde l’aveugle. Tout se brouille, se<br />

rétracte, devient indéchiffrable. Il regrette, et regrettera encore longtemps sa félicité première,<br />

cette espèce de paradis désormais perdu, dont nous portons tous la nostalgie, probablement<br />

due à des souvenirs inconscients de notre état pré-natal. Or, chez lui, cet état a tout de même<br />

duré quelques années.<br />

Ses yeux, d’ailleurs, le feront souffrir jusqu’à l’âge de 45 ans ; fragiles, suppurant sans<br />

arrêt. Des soins constants, des lunettes noires, etc. Comme on comprend, n’est-ce-pas, que<br />

dans les moments de détresse, il cherche à se replonger dans le noir familier, il essaie de se<br />

réfugier et de se retrouver dans sa chère nuit, où il est à jamais chez lui.<br />

Plus tard, ce sont les secrets de la vie qui obsèdent Perrenoud. Les objets inanimés ne<br />

lui suffisent plus. Il cherche à connaître ce qui différencie un être sain d’un être malade. Par<br />

quel défait, à la suite de quelle carence, l’équilibre général se détraque et compromet la bonne<br />

marche de l’organisme. Pourquoi les uns voient et d’autres pas. Il veut savoir, coûte que<br />

coûte, par quel processus, par quels changements imperceptibles, un être vivant normal<br />

aboutit tôt ou tard à la mort.<br />

Pour cela, il s’attaque d’abord aux arbres. En les frappant légèrement, il constate qu’un<br />

arbre malade n’émet pas le même son qu’un arbre bien portant. Quant à l’arbre mort, son<br />

onde de choc est tout à fait différente. Les locutions populaires comme « Ça sent le sapin » ou<br />

« Ça sonne creux » en disent long, comme on voit, sur les possibilités de cette investigation<br />

par percussion. En somme, c’est une auscultation à la Laënnec qu’il invente alors, tout seul.<br />

Basée évidemment sur d’autres principes. Il n’avait pourtant que 18 ans !<br />

Des arbres, Perrenoud passera bientôt aux humains, car, pour vivre, il choisit le métier<br />

de masseur, ou plutôt de kinésithérapeute avant la lettre, qu’il apprend chez Hector Durville.<br />

Malheureusement, la médecine n’est pas mon fort, et je cède la parole, en ce qui la<br />

concerne, au docteur Solange Troisier, gynécologue-accoucheur, assistant des hôpitaux,<br />

ancien chef de clinique à la Faculté :<br />

« Très rapidement, je voudrais faire un parallèle entre la façon de peindre de Raoul<br />

Perrenoud et sa manière de masser.<br />

Travaillant en collaboration étroite avec lui depuis plus de vingt ans, et connaissant ses<br />

méthodes d’observation et de travail, je voudrais insister sur l’auxiliaire précieux qu’est<br />

Perrenoud pour un médecin. Au lieu de s’opposer au médecin et de rester dans l’ombre, par<br />

son esprit d’observation rigoureuse, ses méthodes de diagnostic, non pas de maladie ou de<br />

syndrome quelconque, mais de vitalité des tissus et des organes sous-jacents, de l’existence de<br />

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