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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

nous sont imposés par les évènements. Parce que les deux époques ont une parenté certaine.<br />

André Lhote l’explique lui-même très bien 5 :<br />

« Qui nierait que la guerre n’est pas finie, que les dangers symbolisés par l’ogre boche sont<br />

loin d’être dissipés, bref que ce n’est pas sur un volcan que nous essayons timidement de<br />

danser, mais sur plusieurs ? A une situation aussi instable, qui exige de nous des décisions<br />

promptes, une prise de possession rapide de tous les motifs de joie qui nous sont proposés…<br />

correspond un art synthétique, cursif, elliptique, résumant en explosions irrésistibles les<br />

spectacles les plus complexes.<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

« Les décorateurs romans pratiquèrent un art complet, magistral, où l’imitation des objets n’a<br />

point de part, où la fourmillante réalité se résume en quelques éléments spirituels, d’où la<br />

pesanteur et l’ombre, ces symboles du péché, sont exclus, où le mouvement est roi, où<br />

n’éclatent que la lumière et la couleur rédemptrices.<br />

« La couleur est espérance, la ligne est acte d’amour, qui jaillit comme le volubilis,<br />

comme lui ne s’appuie sur le solide que pour mieux s’élever et pour offrir le plus près du ciel<br />

ses volutes et ses calices ingénieux.<br />

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .<br />

« Qu’elles soient rigoureusement combinées dans la cage étroite d’un cul de four ou<br />

qu’elles se développent en toute liberté sur une voûte en berceau, leurs compositions sont<br />

agencées comme des machines parfaites, animées d’un mouvement perpétuel. Microcosme<br />

impeccable, le monde fermé réalisé par ces compositions, semble soumis aux lois mêmes de<br />

la gravitation universelle. Comme ces astres tourbillonnants que peignit Van Gogh à la fin de<br />

sa vie et dont l’intensité lumineuse se mesure à la quantité des cernes qui les entourent – et ils<br />

sont reliés par des arabesques qui se rencontrent et s’ajustent en spirales étranges – les<br />

genoux, le ventre, les coudes du Dieu et des saints romans, qu’ils soient peints ou sculptés,<br />

sont autant de centres d’où partent des cercles qui tout à coup lancent des branches qui<br />

deviennent les plis convergents d’étoffes rythmiquement collées au corps. Et ce corps, comme<br />

soulevé par des moteurs dispersés, ne tient pas au sol, mais danse sur le mur ainsi spiritualisé.<br />

« Tout cela, en France, ne se fait pas scolairement et craintivement à l’ombre des<br />

formules carolingiennes ou latino-byzantines, mais dans une grande liberté et dans<br />

5 "Le Louvre au défi" - "Arts" (Note de l’auteur).<br />

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