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anatole jakovsky (1907/1909 ? – 1983) - Bibliothèque Kandinsky

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La trajectoire d’un critique d’art au XXe siècle.<br />

X<br />

X<br />

Il y aura l’âge des choses légères. On dépensera des millions pour des choses qui serviront<br />

durant une minute et s’évanouiront et les chefs-d’œuvre seront aussi aériens que les<br />

aviateurs… du moins ce que prophétisait sur son ton coutumier, mi-badin mi-sérieux,<br />

Guillaume Apollinaire, en écrivant l’introduction au catalogue fort original, parsemé de ses<br />

calligrammes (Idéogrammes lyriques) les nommait-il tandis que Paul Albert Birot penchait<br />

pour les Poèmes idéogrammatiques, destiné à saluer la première exposition, sinon la venue au<br />

monde de la peinture, en compagnie de l’oubliée Irène Lagut, du doux et angélique Survage, -<br />

juste à la veille de la guerre de Quatorze !<br />

Irène Lagut ? C’est vrai, personne ne se serait souvenu de cette jolie météorite mondaine,<br />

faisant à ses moments perdus de la peinture, comme ses aïeules faisaient de la broderie, si, par<br />

ailleurs, le même Guillaume ne l’avait pas fait figurer dans un de ses romans sous le nom<br />

d’Elvire Goulot, l’égérie de l’Oiseau de Benin, ressemblant parfois, oh, de très loin, à Picasso.<br />

Songeait-il, alors, aux Rythmes Colorés de Survage, prototype en fait du tout premier film<br />

abstrait, mort-né, hélas, par la faute de Gaumont, qui n’y a rien compris et refusa tout net de le<br />

réaliser, mais qui devançait néanmoins, même tel quel, même en état de projet, de six bonnes<br />

années des films similaires de Viking Eggeling et de Hans Richter ? Très possible, pour ne<br />

pas dire certain. D’autant que c’est Apollinaire en personne qui avait publié dans les Soirées<br />

de Paris, dont il était le rédacteur en chef, les explications de Survage à ce sujet : La peinture<br />

s’étant libérée du langage conventionnel des formes des objets a conquis le terrain des formes<br />

abstraites… Elle doit se débarrasser de la dernière entrave : l’immobilité. J’anime ma<br />

peinture, je lui donne le mouvement, j’introduis le rythme dans l’action réelle de ma peinture<br />

abstraite, éclose de ma vie intérieure, mon instrument sera le film cinématographique, ce vrai<br />

symbole du mouvement amassé. Voilà qui est dit, n’est ce pas, et quel cancre incorrigible<br />

pourra encore avaler après cela toutes les bourdes grandiloquentes qu’on lui débitera tant et<br />

plus à propos de l’Art Cinétique, et cela avec un sempiternel demi-siècle de retard.<br />

C’était donc dans l’air, c’est le cas de le dire, passez-moi cet involontaire jeu de mots.<br />

<strong>Kandinsky</strong> et Schönberg, Larionov et Bourljuk, Marinetti, Balla et Gina y ont pensé aussi,<br />

sans plus de succès. Les peintres et les poètes d’avant-garde ont senti en effet mieux que<br />

quiconque, dès ces années-là, cet appel du mouvement, de l’infini, de l’aventure et de<br />

l’inconnu, de quelque promesse d’un nouvel Age d’Or, qui ne paraissait possible et accessible<br />

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